On nous l’affirme sans nuance : la solution, pour la sortie de crise du logement, passerait par Le Maire.
Mais que c’est compliqué, tout ça ; c’est d’un confus…
On parle de qui d’abord ? De tous les maires de France et de Navarre ?
Ou du sieur Bruno, Ministre des Finances de notre beau pays ? 😉
Parce que, sortir du chapeau un projet de loi sur le logement abordable dont la logique est de faire en sorte que Le Maire soit la pierre angulaire du redressement de la production de logements neufs, c’est un pari risqué.
Alors, priorité à l’échelon local ou national ?
C’est quoi, la solution ?
On ne sait plus à quels saints se vouer.
Puisque plus personne ne sait rien, tout le monde en est réduit à vouloir croire. 🙂
En un avenir meilleur, en la compétence des décideurs, en l’efficacité des initiatives en cours, en tout ce que vous voulez…
Mais alors là, en l’affirmation que Le Maire serait la solution ultime ?
Et pourquoi ne pas croire en la vertu des pompiers pyromanes, pendant qu’on y est ? 🙂
Le Maire, une double erreur ?
On nous explique benoîtement – c’est notamment toute la « pseudo philosophie » qui sous-tend le projet de loi sur le logement sabordable (hein, sabordable ? 😉 ), heu, non abordable – qu’il ne faut tordre le bras à personne, qu’il vaut mieux inciter que contraindre, prêcher la bonne parole que donner des ordres et mettre à disposition des outils plutôt qu’exiger des résultats.
Las… outre le fait que ce type de rhétorique à deux sous marque d’abord l’absence de vision des pouvoirs publics et, partant, l’incapacité à avoir des convictions vraiment étayées et donc la détermination de les mettre en œuvre sans fléchir.
Outre ceci, donc, le pouvoir central a donc abandonné en rase campagne toute ambition quantitative dans la production de logements – sur fond de désengagement budgétaire à la petite semaine coûtant plus qu’il en rapporte – préférant très officiellement s’en remettre à la bonne volonté éventuelle de l’échelon local. 🙁
Ben, Maire alors ! 😉
Résumons nous : Le Maire national, alias Bruno, ministre de son état qui est en réalité le nôtre 😉 , ce qu’il a allègrement oublié… missionne son ministre du logement pour faire confiance aux maires (ceux de l’échelon local) pour faire le boulot.
Magique, magnifique, grandiose, époustouflant. Si, si…
Encore un tour de passe-passe digne d’un spectacle pour enfants pré pubères et attardés de préférence ! 🙂
Car à la question : « et pourquoi Le Maire n’est pas digne de confiance pour une mission de ce type ? » , voici la réponse.
Parce que. 😉
Parce qu’il s’agit d’une double erreur.
Le Maire veille ?
Mais non !!! On dit la merveille, d’abord, pas le ! 🙂
Et puis, erreur numéro 1 :
Si Le Maire, c’est Bruno, comment croire un garçon qui ne sait pas calculer ?
Car cela n’est plus à prouver, entre :
– les déficits abyssaux
– + la dégradation de la note de la France par les agences de notation
– + le dérapage budgétaire récent
– + les petits mensonges entre amis (comme quoi le Pinel n’aurait pas été efficace ; il suffit de regarder les chiffres actuels pour comprendre par différence qu’il l’était bien plus que les discours creux mais pleins de mauvaise foi dont on nous gratifie).
Entre tous ces éléments, donc, la conclusion logique est que ce monsieur, outre ses faiblesses en calcul, ne veut pas de bien au logement et à ses acteurs professionnels (il ne veut d’ailleurs pas davantage de bien aux gens ordinaires puisqu’il les condamne à la portion congrue pour se loger ou se constituer un patrimoine pérenne).
Vient ensuite l’erreur numéro 2 :
Si Le Maire, c’est l’ensemble des maires du pays, on est également bien mal barrés…
De fait, si certains édiles pourront et voudront jouer loyalement le jeu d’une certaine relance, par conviction personnelle, ou parce qu’ils auront noté les difficultés de nos concitoyens à trouver un toit ou parce qu’ils trouvent logique que les générations actuelles aient une chance de faire leur trou comme les précédentes, comment penser que tous ces élus marcheront d’un seul pas ?
A titre de rappel simpliste, la plupart des maires ont sciemment fermé le robinet des autorisations de construire depuis 2018-2019 et la réforme fiscale de la taxe d’habitation (qui a décorrélé le logement de la part de recettes pilotables des budgets communaux) n’a pas aidé à créer de vocations spontanées…
Il s’agirait donc de miser, pour le gouvernement, sur une relance basée sur la bonne volonté de gens dont le plus gros moteur (négatif, hélas) était et est toujours de se faire réélire sur le thème porteur et si courageux de « on arrête de bétonner » .
Ce qui – entre nous – fait beaucoup de peine à l’abbé Tonnière, dont le papa était maçon… 😉
Pour vous en convaincre, retour vers un petit article de janvier 2023, avant la révélation mystique et new wave de « l’offre, l’offre, l’offre » ? 🙂
Le Maire lent, c’est du poisson ?
Presque. Une histoire en queue de poisson.
Dont le poisson pilote apparent est le ministre du logement, notre Guigui Kasbarian bienaimé, chargé du service avant vente et après vente.
Il est en effet l’éclaireur, le « porteur de la flamme » (!), celui vers lequel les regards se tournent et les espoirs se détournent, selon l’opinion et le ressenti de chacun. 🙂
Ce qui est amusant (?), c’est que son projet de loi, bric à brac dans le style boîte à outils incomplète, sans vision ni ambition, a d’abord reçu une volée de bois vert de la part de France Urbaine et a été sévèrement apprécié par les sénateurs.
Certes, ces derniers l’ont adopté (en commission le 5 juin) mais en l’ayant copieusement amendé dans le sens d’une calino-thérapie à l’égard des maires (décidément, tout le monde les aime très fort, mais rappelons nous que les maires font partie des grands électeurs qui élisent les sénateurs… 😉 ) , tout en relevant sa faible portée et l’absence de stratégie.
Et, pendant ce temps, les tenants du logement social et de la loi SRU dans sa version actuelle s’insurgent contre la dilution des obligations en matière de logement social ; et de la place faite au logement locatif intermédiaire (LLI) dans les quotas du logement social.
Précision faite que l’architecture du « système logement » en France n’est pas forcément vouée à l’immobilisme.
Bref, on n’est pas dans la convergence d’analyse ni dans l’enthousiasme universel ou irrépressible, et il est loin d’être sûr que le passage dans l’hémicycle (première lecture à partir du 18 juin à l’assemblée nationale) se solde par un succès, ne serait-ce que d’estime, pour le gouvernement.
Alors, après l’appel du 18 juin, la pelle du 18 juin ? 😉
Allô, la terre ? Ici la lune !
Le plus drôle dans toute cette histoire, c’est que tous ceux qui s’expriment sont d’accord sur une chose : le compte n’y est pas du tout.
Et ce projet de loi, dans sa configuration du moment tout au moins, est perçu pour ce qu’il est : un sparadrap sur un grand corps malade…
Objet législatif supposé donner des gages de bonne volonté, mais sans assez de volonté pour donner des moyens et renverser la table en matière de vision sociétale et d’efficacité quantitative. 🙁
Car faire décoller durablement les chiffres tout en maîtrisant le point d’atterrissage…
ce n’est pas donné à tout le monde.
Et vouloir changer de dimension commence sans doute par doter la fusée d’un moteur et d’arrêter de l’arrimer sans cesse à l’existant ?
Le poids du passé, c’est d’un relou…
Aïe. Confondre « Objectif Lune » et « Objectif Nul » , c’est ballot… 🙂
Hé oui, mais il y a parfois des situations tellement ubuesques (bien pires que dans les bandes dessinées 😉 ) qu’on se demande comment elles ont pu se produire ?
Et qui continue à favoriser des scenarii aussi stupides ?… 🙂
Bah, on est d’accord que tous les hommes politiques ne sont pas des flèches.
Mais on ne peut pas leur en vouloir. Ils ont du perdre le manuel de la fusée ! 😉
Une sorte d’hommage à la lenteur, sans doute ?
De toute façon, nous, on se revoit la semaine prochaine.
Gentiment. Mais pas trop vite : question d’atmosphère, bien sûr !
La stratosphère, c’est pas donné à tout le monde… 🙂