Un logement sans porte d’entrée, c’est possible ?
Attendez, je réfléchis… ce n’est pas contraire aux préconisations du rapport sur la qualité du logement, la commission Rebsamen n’en parle pas, le budget prévisionnel 2022 du pays n’en porte pas trace, et les approvisionnements en bois très périlleux en ce moment rendent leur production difficile.
Donc oui, le constat c’est qu’on doit pouvoir se passer de porte d’entrée.
A condition toutefois de prévoir une porte de sortie. 😉
L’administration française du logement est tellement sophistiquée et ses textes si subtils.
On ne se lasse pas d’autant de cohérence… 🙂
Mais pourquoi prévoir une porte d’entrée ?
Détail sans importance. Le logement sera mieux ventilé grâce à l’air du temps.
Et puis, on s’en fout de la porte d’entrée !
Puisque ce qui intéresse les stratèges ce sont les fenêtres de tir et les portes de sortie (médiatiques).
Faut savoir ce qui est vraiment important dans la vie ! 🙂
Porte est disparue ?
L’histoire d’une disparition de porte ? Vite, lançons les recherches !
Tiens ! Un hasard bienheureux !
Voilà que nous recroisons nos compères de la semaine dernière, les ineffables (à dormir debout) Dimitri Sellektif et Gérard Menvussa.
Qu’ont-ils donc de beau à nous raconter cette fois-ci ? 😉
G : Salut Dimitri, je dois faire une thèse sur la politique du logement en France. Et je cherche la porte d’entrée de cette fameuse politique du logement, tu aurais une idée ?
D : T’es trop drôle, Gégé, tu ne voudrais pas non plus chercher la clé du champ de tir, pendant que tu y es ?
G : C’est une clé pertinente pour mon sujet ?
D : Pas vraiment, sauf qu’elle est à peu près aussi facile à trouver !
G : Mais, rassure moi, elle existe bien, quand même ?
D : Oui, oui, aucun doute doute là-dessus. Certains ont déjà trouvé des petits hommes verts.
D : Ou des licornes.
D : Alors, une clé ou une porte… ça n’a rien d’extravagant comme exigence ! 🙂
G : Bon, alors, on la trouve où cette porte d’entrée ?
D : Dans tes recherches, t’as essayé de trouver une définition cohérente de ses objectifs, qualitatifs, quantitatifs, articulés entre eux et dans une perspective durable ? Une vision globale, quoi !
G : Ben, non, y a rien d’écrit ni de décrit. C’est comme un puzzle géant. J’ai trouvé des petits morceaux ça et là, façon mosaïque, mais je n’arrive pas à les mettre ensemble.
D : C’est normal, mon Gégé, c’est un puzzle moderne 4.0, il change tout le temps. Toi, tu ramasses des morceaux, mais pendant ce temps là, l’image change. Tu vois le concept dynamique ?
G : Mais… mais… comment je fais pour les ajuster, les morceaux, si l’image change tout le temps ?
D : Ahlala, mais c’est pour ça que c’est difficile. Il nous faut une administration super balèze et des ministres incroyables ( 🙂 ) pour assurer la continuité. C’est pas donné à tout le monde de reconstituer un puzzle 4.0 dynamique !
G : Ah, mince, c’est pas bon pour moi, ça. Tu parles d’une thèse… Mais au moins je sais maintenant à quoi ils passent leur temps, tous ceux là !
D : La mise en perspective, mon Gégé, la mise en perspective, c’est la clé !
G : Ah ! La clé que je cherche ?
D : Non, la clé de la compréhension du système tel qu’il est. Un empilement chronologique de décisions erratiques et successives, prétendument correctives, avec une répartition des rôles figée selon les acteurs et leurs champs de compétence supposés.
G : Mais ça n’a pas de sens, on devrait plutôt rechercher un fonctionnement optimal globalement et ne pas hésiter à modifier les hypothèses de base si elles sont inefficientes !
D : C’est là qu’on voit que tu es en train de faire une thèse d’amateur ! Les pros, eux, préfèrent les prothèses…
G : Les prothèses ?
D : Oui. Tu prends un truc qui ne marche pas parce qu’il est mal pensé depuis le début, tu scies un morceau, tu en cloues un autre, tu rabotes, tu colles, tu visses, tu mets une cheville, tu déboîtes, tu remboîtes, et quand tu arrives à Frankenstein tu prétends que c’est magnifique ! Et que donc, on ne doit plus y toucher. Sauf, bien sûr, à continuer à y apporter quelques menues retouches issues d’une grande pensée de simplification ou d’éléments conjoncturels divers ; et donc, tu découpes, tu colles, tu scies, tu adaptes et tu rabotes.
G : Tu rabotes ou tu radotes ??? A ce rythme là, ils vont plutôt avoir besoin d’un exosquelette vite fait ?
D : Vu que c’est pourri jusqu’à l’os ? Ils feraient mieux d’essayer une recombinaison d’ADN. Le génome sweet home. L’idéal au service du logement…
G : Purée, Dimitri, tu sais que c’est un sacré concept que tu viens de trouver, là ?
D : Oui, oui, en toute immodestie, c’est parce que j’ai le feu sacré… 🙂
Un angelot ange CRO passe, l’air déçu et la tête lasse… 😉
Mais qu’y a -t-il à comprendre ?
Comment ça, il n’y a rien à comprendre ? 😉
1- La loi ALUR, la loi ELAN n’ont pas contribué à pousser la production (vu les chiffres actuels lamentables et ce depuis plusieurs semestres) ?
A toute allure et en plein élan ?
2- La production est au plus bas et d’un côté on veut mettre des boulets au Pinel avec un rapport sur la qualité du logement (alors que c’est lui qui tire les 2/3 ou les 3/4 de la production privée en zone tendue et que les VEFA HLM rendues possibles par les programmes mixtes viables grâce au Pinel représentent 50 % de la production annuelle de logements locatifs sociaux) et d’un autre côté on prétend vouloir construire plus et trouver des solutions via la Commission Rebsamen.
3- Pendant que – oh, surtout n’embêtons pas les maires, essayons de les inciter ou de les séduire – la contrainte ou les possibles contrepouvoirs locaux ne font pas du tout partie des pistes évoquées par la commission Rebsamen (logique, vu sa composition, vous vous rappelez ? 🙂 ) et qu’aucun élément de langage n’en fait état.
Donc, en gros, on veut, à la même époque et avec la même ministre, une chose et son contraire, avec une constante principale, c’est de ne rien changer de fondamental. (imaginez un peu sur la durée le bazar du système avec des ministres, des contextes, des idéologies différents).
Alors que – petite suggestion à l’attention des coincés du cortex politiquement correct – le blocage principal étant celui des permis de construire et les maires étant les signataires desdits permis, il faut donc créer plus d’indépendance ou de contrepouvoir et on pourrait :
– dessaisir les maires du pouvoir de vie ou de mort sur les permis au profit d’une instance supérieure de même nature (président d’agglomération ou de métropole en zones tendues), ce qui serait un minimum absolu
– ou, idem, et solution largement préférable, confier l’instruction et la signature des PC à des cellules politiquement neutres (fonctionnaires d’état locaux -préfecture- ou structure privée sous contrat et contrôle d’état)
– ou, dans tous les cas, mettre en place de manière structurelle et obligatoire une commission d’arbitrage sous égide des préfets permettant de statuer sur les refus abusifs de permis de construire (avec possibilité pour le préfet d’ordonner au maire de signer ou de signer à sa place)
Mais de tout cela, aucun mot de nos chères élites, dont on devra donc supposer au choix de chacun :
a- qu’elles manquent singulièrement d’imagination ou d’ambition pour atteindre l’objectif officiel… Zut ?
b- ou qu’il est plus important pour elles de caresser les maires dans le sens du poil que d’atteindre l’objectif… Oh ! 😉
Ah, mais re-zut, j’ai failli oublier l’essentiel.
Où est donc passée la porte d’entrée ?
Histoire de réussir la sortie de la semaine.
Qu’on vous souhaite bien bonne, d’ailleurs ! 🙂