C’est bizarre, les réflexes.
Surtout les réflexes conditionnés inconditionnels.
Par exemple, prenez un promoteur ou un responsable de programmes. Au hasard, hein ? 🙂
La touche « + » de sa calculette ou de son clavier est beaucoup plus usée que les autres !
Mais on ne peut pas leur en vouloir. Ils sont éduqués comme ça.
Du coup, il faut les envoyer en maison (chic, une maison !) de redressement.
Ou faire appel à un (ré)formateur spécialisé dans les cas désespérés ! 😉
Et nous y voilà !
Certains croient que de gros budgets nécessitent de gros QI.
Et d’autres qu’Excel est le dieu des mathématiques et de la raison réunis.
Que d’idées fausses en ce bas monde ! 🙂
Des qualités prises en défaut ?
A quoi servent certaines qualités perverties par de gros défauts ?
Et – subséquemment – comment corriger un gros défaut ?
Ne paniquez pas, une bonne séance de formation fait parfois tellement de bien… 🙂
(tiens, j’en connais certaines qui se reconnaitront peut-être ? 😉 )
Enfin, en principe ! Illustrons le propos (de vache) :
Le formateur : Mesdames et Messieurs, bonjour, vos employeurs vous ont inscrit à une formation sensée corriger aujourd’hui des comportements systématiques et néanmoins déviants.
Un promoteur stagiaire : Et c’est quoi, ce gros défaut comportemental ?
Le formateur : Votre plus gros défaut, c’est ce satané réflexe conditionné de toujours plus, il faut apprendre à se modérer. On est d’accord ?
Les stagiaires : Oui, on est d’accord avec ça ; il nous faut apprendre à rester raisonnables !
Le formateur : Ah, ça fait plaisir un peu de lucidité (ça me surprend aussi 😉 ). Répétez après moi : le mieux est l’ennemi du bien.
Un stagiaire : Le vieux est l’ennemi du bien.
Le formateur : Non mais, c’est quoi ce proverbe pourri, vous ne savez même pas répéter ? Pas « le vieux », mais « le mieux » !!!
Le stagiaire : Si, mais mon patron, il dit toujours ça : « quand on travaille dans le neuf, le vieux est l’ennemi du bien » !
Le formateur : Il a quoi comme formation initiale votre patron ?
Le stagiaire : Math sup.
Le formateur : Mathématique ou maternelle supérieure ?
Le stagiaire : Non, mate sup. Il faut apprendre à mater. Il nous dit que si on a un bon sens de l’observation, on repère les meilleurs fonciers en premier !
Le formateur : Il est très fort, votre patron. Il faudra me l’envoyer en stage, pour le calmer un tantinet. Bon, on se reprend : on va tenter de comprendre un concept maintenant. Si je vous dis « la fin justifie les moyens », vous comprenez quoi ?
Un autre stagiaire : Ben, que quand on a les crocs, pour éviter les crampes d’estomac, faut mettre le paquet pour trouver à grailler, quoi.
Le formateur : Mais non, là vous confondez faim et fin !
Ce stagiaire : C’est quoi la différence entre faim et fin ?
Le formateur : La différence, c’est qu’il faut être un peu plus fin, enfin ! Saisir les nuances, la subtilité, le sous-jacent du contexte !
Le stagiaire : Déjà que j’ai du mal à comprendre un texte intelligent, alors, un contexte… c’est lui qui fait la différence entre faim et fin ???
Le formateur : Oui, entre la faim qui tenaille le ventre et la fin qui est la finalité de votre action, votre objectif, quoi !
Le stagiaire : Pfff, vous diriez finalité tout de suite, tout le monde comprendrait. Alors que fin… on confond forcément !
Le formateur : Contexte et subtilité, vous vous rappelez ?
Le stagiaire : Houla, mais faut avoir fait math spé, là !
Le formateur : Mate spé ? Avoir un sens de l’observation spécialisé, genre « mate spé » ?
Le stagiaire : Mais non : Math sup et math spé, quoi, avoir fait des études ! Et c’est vous qui nous parlez de nuances…
Le formateur : Des maths… Ha, vous en voulez des maths ? Tenez, pour un logement, 1000 euros du mètre carré habitable + 10 % ça fait combien ?
Les stagiaires (en chœur) : 1100 !!!
Le formateur : Waouhhh, bravo, quand c’est toujours plus, ça performe ! Encore plus difficile maintenant : 1100 moins 10% ???
Les stagiaires (en chœur) : 1000 !!! Comme au début !!!
Le formateur : Mais non, bande de truffes !
Les stagiaires (en chœur) : Comment ça, non ???
Le formateur : 1100 multiplié par 0.90, ça donne 990, pas 1000 !
Les stagiaires : oui, mais vous trichez, on avait dit 10 % en moins et pas multiplier par 0.9 !
Le formateur : …(soupir de désespoir)…
Les stagiaires : Et en plus, le logement, en dessous de 5000 du mètre carré, t’as plus rien ! Alors 1000 ou 990, c’est quoi la différence ?
Le formateur : Oh, purée… 100 % moins 10 % = 90 %, on est d’accord ? Et 90%, c’est comme 0.9, tout le monde suit ??? Donc, quand on enlève 10 %, c’est comme si on multipliait par 0.9, parce que 0.9, c’est comme (100 – 10) / 100. C’est compris, là ?
Les stagiaires : Et la même chose au ralenti, c’est possible ?
Le formateur : mais on n’est pas dans un film d’action au cinéma, mes petits poulets, on est en pleine phase de réflexion. La réflexion, ça vous parle au moins ?
Un stagiaire sportif : ouais, moi ça me parle ! L’arrêt flexion, j’en fais tous les week-ends sur le parcours santé. Mais faut faire gaffe aux genoux, quand même.
Le formateur : Oh non, c’est pas possible… tu m’étonnes que les prix augmentent ! Juste une petite question : vous calculez les prix d’achat du foncier de la même manière que les prix de vente des logements ?
Les stagiaires (très fiers) : Oui ! Avec Excel ! Et même que tant qu’il y a un signe moins devant la marge, on augmente le prix du m² !
Le formateur : Et diminuer le poids du foncier ou des travaux, ou des honoraires ? Ce n’est pas plus raisonnable comme solution ?
Les stagiaires : Ah, non, c’est trop difficile avec les pourcentages… Et tant qu’on vend… avec la bénédiction de notre comité…
Un ange passe, les joues rouges, les ailes chargées et la tête basse. 🙁
Ah… Rien de tel qu’une bonne séance de formation pour comprendre les ressorts cachés de certains comportements ou certaines croyances ! 😉
Culture ou Culturisme immobilier ?
Au-delà des immenses qualités pudiquement cachées de bien des membres de la profession, un constat : les prix de vente dopés et bodybuildés, c’est la culture du culturisme de la formation des prix de l’immobilier neuf.
Contre laquelle la culture banale serait d’un secours évident. Par goût pour la modestie et la raison que de saines lectures pourraient enseigner.
Mais encore faut-il que ces références ne soient pas inaccessibles !
Sinon, sinon, sinon… il reste toujours la possibilité de faire appel à un vrai spécialiste de l’ascension culturelle, un as de l’escalade conceptuelle, un pro des livres qui délivrent.
Un gourou de l’échelle… des valeurs ! 😉
Un membre éminent de la confrérie CRO, bien sûr, perché et tellement plus cultivé qu’un champ de fraises bio du Larzac. 🙂
Un bibliCROthécaire, comme de bien entendu !
Bonne nouvelle !
Pour modifier les comportements, il ne reste plus qu’à repenser l’aménagement intérieur des sièges sociaux chez les promoteurs (et pas que chez eux ?) pour réévaluer l’échelle des valeurs et améliorer le niveau moyen de réflexion et de lucidité.
A moins que ce ne soit l’horizon, le souci ? La myopie du court terme ?
Un besoin de verres correcteurs peut-être ?
Aïe, problème ! L’ophtalmo logis, ça pourrait être une maison à l’œil… concept effrayant et hélas non compatible Excel ! 🙂
Mais ne soyons pas mesquins…
Bonne semaine à tous les déviants de l’immobilier ! 🙂
(oh, zut, je ne savais pas que ça en faisait autant ! 😉 )