Nous vivons une période vraiment extraordinaire.
Quasi fabuleuse. 😉
Il nous arrive très régulièrement des évènements imprévus. Dans le logement aussi…
Oh, pas toujours agréables, comme certains virus et leurs variantes.
Mais, au moins, c’est là la part du hasard, qu’il nous faut accepter.
Tandis que, certaines fois, le hasard n’a plus sa place dans les désagréments endurés…
Et qu’il n’y a donc aucune raison d’accepter que cela dure ! Dure, dure… 🙂
Il arrive parfois que la vérité soit plus cruelle que bien des fables, pourtant supposées nous enseigner depuis le plus jeune âge la nécessaire modestie devant l’imprévu et les puissants. 🙁
Bien des promoteurs et des acteurs de l’acte de construire (architectes, bureaux d’études, entreprises…) ont de plus en plus de mal à accepter (et ils ont raison, car ce n’est pas acceptable) le fait du prince qui s’abat régulièrement sur eux.
A tel point que cette rengaine finit par mettre en résonance dans certains cerveaux de vieux souvenirs accommodés (ou raccommodés ?) à la sauce du jour. 🙂
La magie du verbe est hors sujet ?
Ah, les fables, c’est tellement pratique pour faire passer des messages sans messager…
Mélanger de vieux et fabuleux souvenirs avec de récentes, récurrentes et indécentes mésaventures…
Fabulons donc ? Mais sans arrière pensée, hein ? 🙂
Quand on est sujet, on est forcément soumis… 😉
Reste le verbe !
Le CRO beau et le renard
Maître CRO beau, sur son Excel penché,
Tenait bien au sec cinq étages.
Maître Renard, par ces chiffres attiré,
Prit en pitié ce cadrage :
Et bonjour, Monsieur du CRO beau,
Que vous êtes petit, que vous me semblez gros !
Sans mentir, si votre fromage
Ne fond pas sur votre pelage,
Vous êtes l’Idéfix des gaulois du village.
A ces mots le CRO beau ressent un tel émoi,
A tous niveaux et jusqu’au toit,
Croyant gagner son steack, il en oublie la loi.
Le Renard l’initie et dit : mon CRO Monsieur,
Apprenez que promoteur
Vit en courtisan pour gagner sa croûte.
Cette leçon vaut bien trois étages sans doute.
Le CRO beau rageux et perclus,
Pleura, mais un peu tard, ses niveaux superflus.
Hé oui, encore une fable d’Olaf Ontaime (ou Olaf Fontaine, c’est selon… après les deux d’août 2017 et celle de juillet 2018), celle-ci à destination directe des promoteurs et de leurs partenaires, dont le pouvoir de désillusion est régulièrement mis à l’épreuve.
Petite faribole parabole pour illustrer un scénario bien trop fréquent dans les zones tendues du logement neuf de la France contemporaine.
Antidote ou anecdote ?
La mauvaise foi est un poison lent.
Pour la contrer, vous reprendrez bien un peu d’anecdote ?
Avec un bout de dialogue tellement imaginaire que – bien sûr – cela ne peut pas exister. 😉
Jamais. Dans un monde pas refait parfait.
Commission d’avant-projet (alias CAP 😉 ) : mais il est très joli, ce projet !
Promoteur et Architecte : ah, contents qu’il vous plaise, on a bien transpiré dessus avec l’architecte.
CAP : on a juste dit qu’il était joli, pas qu’il convenait parfaitement…
P&A : ha, on se disait, aussi…
CAP : rez-de-chaussée plus 4 étages sur sous-sol, c’est bien haut.
P&A : on est à 13 m sous sablière, avec un plafond rampant, là où le PLU autorise 14 m. Et avec des avoisinants de même gabarit.
CAP : oui, oui, mais le quantitatif ne fait pas tout. C’est la qualité qui compte.
P&A : oui, surtout quand on ne compte pas…
CAP : par exemple, dans le contexte du quartier, rez-de-chaussée plus 2 étages serait plus raisonnable, si je peux vous faire cette suggestion.
P&A : mais quel contexte de quartier : urbain, architectural, développement durable ou électoral ?
CAP : oh, les effrontés, ils nous taquinent ! Le contexte qualitatif bien sûr.
P&A : comme quoi, par exemple ?
CAP : le dimensionnement de la rue et de celles du quartier dans son ensemble. Le problème du stationnement et de son retentissement sur la qualité de vie.
P&A : vous allez être contents, vous réclamez 1.5 places de parking par logement ordinaire et 1 par logement social. Nous les avons et avons prévu 2 niveaux de sous-sol pour cela.
CAP : bien, mais globalement insuffisant. Vous ne voudriez quand même pas nous faire croire que les locataires des logements sociaux ne vont avoir qu’un seul véhicule ?
P&A : mais la loi prévoit expressément de limiter l’exigence à 1 par logement social !
CAP : oui, certes, mais et les places visiteurs, vous y avez pensé ? Nous pouvons en demander jusqu’à une demi-place de plus par logement. Et accessibles avant le portail privatisant le sous-sol.
P&A : mais c’est beaucoup trop, voire infaisable !
CAP : oh, mais comme c’est dommage… Non, non, ce n’est pas trop, c’est qualitatif. Et qu’est ce que je vois là ? Des places commandées ? 2 places en enfilade ?
P&A (fiers de leur coup) : bien sûr, pour les T3 et T4 par exemple, nous allons affecter ces places doubles et pour les T2 des places simples. Les places commandées nous permettent de trouver davantage d’emplacements pour un prix de revient contenu et une qualité d’usage correcte que l’on gère, dans ce milieu urbain contraint, grâce à une affectation cohérente. C’est top à l’usage et super dans l’esprit du développement durable, non ?
CAP : nous ne partageons pas tout à fait votre enthousiasme. La version 3.18 de notre charte d’aménagement urbain prévoit en effet…
P&A : 3.18 ??? Mais on n’a reçu que la 3.17, parue la semaine dernière !
CAP : oui, oui, bien sûr, la 3.18 sort la semaine prochaine, mais nous l’appliquons par anticipation, le principe de précaution appliqué au PLU, vous comprenez ?
P&A : pas vraiment. Et elle dit quoi, sur les stationnements la 3.18 ?
CAP : elle déconseille fortement les places commandées et préconise également 1 mètre d’intervalle latéral entre chaque place de stationnement extérieur.
P&A : hein ? Mais vous avez vu ça où ? A la télé ? Il va nous falloir 3 ou 4 niveaux de sous-sol pour ça !
CAP : houlala, certainement pas ! A la télé, vous êtes drôle ! Non, ils ont moins d’imagination… Nous, c’est la qualité qui compte !
P&A : mais vous ne vous rendez pas du tout compte ! Moins de places commandées = moins de places = moins de qualité d’usage et de développement durable.
CAP : mais non, c’est vous qui ne savez pas compter ! Bien triste pour un promoteur… Moins de places commandées et de places extérieures = moins de places = moins de logements = moins de hauteur = moins de trafic routier = moins de nuisances de chantier = plus d’électeurs satisfaits.
P&A : mais c’est une horreur, ce que vous racontez, pire que le coronavirus !
CAP : mais non, mais non, vous dites ça juste parce que vous ne connaissez pas le variant sud-africain.
P&A : sud-africain ? C’est quoi ça, un nouvel apartheid urbain ?
CAP : pfff, mais il faut tout vous expliquer. Je détaille : moins de places = moins de hauteur = moins de mètres carrés = moins de potentiel foncier = un prix de foncier plus faible = le propriétaire n’est plus vendeur = exit le programme immobilier = le jackpot de la tranquillité et de la qualité urbaine réunis !
P&A : quoi ??? Et votre discours sur le soutien à la relance de la construction, aux entreprises, au logement social, à la maîtrise des prix du logement neuf ???
CAP : mais quoi ? Vous croyez tout ce qu’on vous raconte ? Faut dire, c’est un discours de qualité supérieure, bien entendu !
C’est ça qui est gratifiant avec un dialogue imaginaire ; on peut ajouter le non-dit, le sous-jacent, à ce qui est plus explicitement exprimé.
Le tout étant tellement « mieux » ressenti quand on est architecte ou promoteur, en conditions réelles, et que c’est l’un de vos projets que l’on veut rendre toujours plus « qualitatif » …
L’impression d’être un simple plot dans un jeu de quilles (jeu de dupes ?) est alors une difficulté existentielle que seuls des êtres supérieurement dotés – grâce à leur ascendance exceptionnelle – peuvent affronter avec résilience. 😉
C’est vraiment CRO facile quand on est aussi stables et lestés que cette branche cadette des CROs, les CulbuCROs !!!
Quoique. Avec un physique comme ça, le vrai problème c’est d’avancer.
La stabilité ne fait pas tout.
Elle manque de qualité… aérodynamique !
Allez, on vous souhaite une jolie semaine.
Solides sur vos bases ! 🙂