Dans la grande tradition républicaine, le permis de construire est un droit.
Le propriétaire d’un terrain constructible a le droit pour lui. Le droit de construire. En respectant les règles, certes, donc un droit encadré, mais un droit certain garanti par les valeurs et les lois de la république.
Comme toujours, la théorie est parfaite. Reste la pratique. Et là, les choses se corsent, même pour les continentaux !
Bienvenue dans le monde de la relativité…
Sacré Einstein (Albert, pas Franck, y en a un qui a mieux réussi que l’autre 🙂 ), il a même réussi à adapter sa théorie de la relativité à l’immobilier !
D’un côté, c’est logique, vu que le nombre d’inconnues est variable mais toujours supérieur aux certitudes. Mais E=M C², c’est aussi une équation universelle. A coup sûr…
Avec mes maigres restes de connaissances mathématiques appliquées à l’immobilier neuf, je pense donc qu’on peut l’interpréter comme ceci : quelle foutue énergie (E) faut-il déployer pour voir la lumière en vitesse (C) sans devenir à la masse (M) ?
Que les puristes (et mes profs de maths) me pardonnent, je ne suis qu’un pauvre pêcheur, je l’avoue. Mais celle là, je suis allé la pêcher loin ! 😉
Le rêve républicain du droit de construire
Le quidam de la rue en est persuadé. Le permis de construire est un droit absolu. Le pire, c’est que je suis d’accord avec ça.
C’est pour ça que la schizophrénie me guette 🙁 .
Donc, le fait de pouvoir construire sur sa propriété en respectant les règles écrites devrait être automatique et aussi simple que 1 et 1 font deuuuuhhh ?
Oui sans hésitation, au moins sur le principe.
D’une part parce qu’il s’agit d’un droit et pas d’un passe-droit ou d’une faveur quémandée.
D’autre part car il existe des documents écrits comme le P.L.U. (plan local d’urbanisme) qui formalisent par des plans et un règlement les zones constructibles et les règles applicables par zone.
Rien ne semble donc théoriquement s’opposer à la mise en oeuvre d’un droit codifié et objectivement défini. En principe…
L’exception à la française
Le problème de notre culture, c’est qu’on nous apprend tout petit qu’en orthographe il y a la règle et les exceptions à la règle. La règle qui permet de tirer droit et les exceptions qui font tout faire de travers ?
Du coup, il existe dans la pratique de nombreux obstacles qui peuvent empêcher un professionnel d’obtenir un permis de construire conforme à la règle. Parmi les plus courants :
- l’avis de l’Architecte des Bâtiments de France : dans les secteurs où l’avis de l’ABF est exigible, ce dernier est incontournable car seul le ministre peut le déjuger. La négociation est donc nécessaire, mais les points de vue parfois inconciliables.
- la grogne des riverains du projet : le syndrome NIMBY (not in my back yard, librement traduit « pas à côté de chez moi ») frappe souvent, avec des gens affirmant être pour la construction et le droit de propriété mais… pas à cet endroit là !
- le peu de courage de certains élus : là où des Maires prendront courageusement la défense d’un projet jugé légitime 🙂 , d’autres élus vont préférer le doux confort du statu quo qu’ils jugent électoralement plus payant 🙁 et vont expliquer au porteur du projet que ce n’est pas le moment, ou qu’il faut enlever 1 ou 2 niveaux, ou vont suggérer à l’ABF que c’est vraiment trop dense, ou prétendre qu’il y a un problème d’intégration à l’environnement ou d’esthétique…
- des règles de PLU mal rédigées, volontairement ou pas : par exemple quand on demande en hypercentre ville 2 places de parking par logement, ce qui va représenter un coût technique tel que le projet sera abandonné (ou les logements vendus à prix d’or pour amortir le coût des parkings).
Pour que le droit se traduise en réalité
Le meilleur moyen de faire valoir ses droits, c’est de s’armer…
Car lutter contre l’approximation, la mauvaise foi ou l’incompétence nécessite de grandes qualités morales !
Un : il faut beaucoup d’enthousiasme au départ (pour qu’il en reste jusqu’à l’arrivée 🙂 )
Deux : une bonne maîtrise nerveuse également
Trois : un Master en Sciences de la relaxation n’est pas inutile
Quatre : et continuer à y croire malgré tout, mais sans rentrer dans les ordres. Ni dans le rang, d’ailleurs.
Ho hé, faut pas pousser, et pourquoi pas demander l’autorisation d’aller faire pipi pendant qu’on y est ?
Et un grand merci à Einstein pour sa contribution à la relativité des permis de construire. Ca fait du bien de se sentir soutenu par la science !!!