Il arrive parfois, au détour d’une conversation avec de jeunes couples souhaitant devenir propriétaires, que l’on se rende compte d’une profonde incompréhension.
A vrai dire, il s’agit d’abord d’un manque de connaissance du paysage réglementaire, et surtout du peu de lisibilité de ce paysage.
Entre les questions relatives à l’achat, à la construction, au financement, à la Tva à taux réduit (PSLA ou zone ANRU) ou au PTZ+, les motifs d’incertitude ne manquent pas.
Et l’inquiétude de ne pas arriver au bout du parcours est souvent là, car la frontière est mince entre réussite et échec, entre accédant à la propriété et « accédant de la circulation » : circulez, y a rien à (a)voir !
Comment faire ressortir le côté ubuesque de notre réglementation ? Comment rendre compte de ces morceaux de vie et de dialogue avec des candidats à l’achat immobilier déboussolés par « le côté obscur de la force » ?
Peut-être en faisant appel à d’autres dialogues, fictifs, entre nos apprentis acquéreurs et un digne représentant de la puissance publique ? 🙂
Conversation imaginaire numéro un
– Bonjour, Monsieur le Bon Ordonnateur des Finances, je voudrais savoir pourquoi on n’aide pas plus les accédants à la propriété ?
– Plus, plus… mais c’est que ça ne fait pas partie de notre vocabulaire, ça !
– Ben si, faites un effort de compréhension, Mr le BOF : si je vous dis « plus…. d’impôt », vous comprenez là ?
– C’est marrant comme avec un exemple bien choisi ça devient plus explicite, vous savez parler à un bon ordonnateur vous !
– Bof…
– Je ne vous le fais pas dire !
Entretien virtuel numéro deux
– Mr le BOF, comment ça se fait que si on veut acheter le logement dans lequel on va vivre avec toute notre petite famille, on est moins aidé que si on voulait acheter pour mettre en location, hein ?
– Mais non, mais non, cela n’est pas comparable : la loi Duflot est sociale, elle !
– Ah. Et si j’ai les mêmes revenus que le locataire, je suis moins social que lui ?
– Vous m’embarrassez…
– Et si j’achète, pourtant, je vais libérer la location que j’occupe. En fait, c’est comme si je construisais pour louer, au final. Alors, pourquoi j’ai pas droit au Duflot, moi ?
– Mais euh… arrêtez de tout simplifier, vous m’embrouillez le cortex idéologique et même un peu le cortex rhétorique !
Discussion utopique numéro trois
– Et pourquoi si j’achète en zone ANRU j’ai droit à une TVA à taux réduit et partout ailleurs c’est plein pot ? Coucou, Mr le BOF, je vous parle !
– Ah oui. Parce que le législateur, dans son immense bonté, souhaite revitaliser et rééquilibrer les zones urbaines sensibles et les périmètres ANRU en augmentant la part de propriétaires.
– Oui, mais comment, avec des propriétaires à revenus modérés qui viennent s’agréger sur des quartiers souvent déjà pauvres ?
– Ben, c’est que les riches n’ont pas envie d’y aller…
– Dans ce cas, pourquoi ne pas mettre la TVA à taux réduit partout, selon les revenus, ça permettrait à certains de faire de la mixité positive en allant habiter dans de meilleurs quartiers, non ?
– Houla, mais vous n’auriez pas le Che Guevara parmi vos ancêtres ?
– Vous êtes bizarre Mr le BOF, vous trouvez que le bon sens est révolutionnaire ? Pas étonnant que ça ne tourne pas rond tout en tournant en rond pour pas un rond ! Vous feriez mieux d’apprendre à devenir plus carré…
Dialogue fictif numéro quatre
– Mr le BOF, j’ai un petit souci : je ne sais pas repérer les programmes en PSLA, il y en a très peu et ils sont vraiment difficiles à identifier. Et à comprendre aussi.
– Et alors ?
– Ben ça serait mieux si tout le monde en faisait, à guichet ouvert et en organisant de manière mutualisée les garanties de rachat et de relogement.
On pourrait en trouver un peu partout et les particuliers comme l’état y trouveraient leur compte, non ?
– Mais vous êtes fou ! C’est super compliqué de faire aussi simple ! Comme si on n’avait que ça à faire !
Vous me prenez pour un super héros, genre Batman, Superman, Tartine ou Spiderman ???
– Et Super BOF, ça n’existe pas ? Ben zut, alors, j’y croyais presque moi !
Hé oui, on pourrait continuer longtemps comme ça, à multiplier les extraits shadokiens mais, comme je fatigue, je vous laisse le soin d’en inventer d’autres dans les commentaires. Si ça vous dit ! 😉