Logement neuf : un objectif tellement subjectif…

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Ca fait vraiment du bien !

Pour tous les perdus de l’acte de construire, les désorientés de l’objectif de production, les désenchantés de l’ambition collective et … les désaccordés des violons !

Ben oui, voilà la grande nouvelle : Le Moniteur nous annonce en date du 16 mars que le gouvernement vient d’accorder ses violons sur le logement neuf. C’est l’avenir.

Et nous voilà nantis d’une certitude en acier trempé (même par temps sec, si, si… 🙂 ) : « la France a besoin de produire chaque année 120 000 logements sociaux et 250 000 logements privés » .

Et c’est ça qui fait du bien, savoir enfin très officiellement ce dont le pays a besoin en logements neufs pour l’avenir.

Pas forcément que ce soit vrai, parce que le plus probable est que ce soit faux, mais de croire savoir. Et de ne plus entendre de vilains couacs.

Car la bonne musique doit adoucir les mœurs, non ? 🙂

 

Accorder ses violons ? Mais pour éviter la fausse note bien sûr !

Parce que la vraie note, elle, risque d’être salée à terme.

Quant aux violons, depuis le temps qu’on nous en joue, nous voilà bienheureux de savoir qu’ils sont enfin accordés.

Comme les permis de construire ? (ah, non, zut, pas eux ! 😉 ).

Pourtant, un beau permis, ce ne serait pas de refus ! 🙂

Pâté de maisons ou Pathé Marconi ?

Pour les boomers nostalgiques, Pathé Marconi, c’est le symbole de « la voix de son maître » , et c’est donc tout naturellement que le ministre du logement, Olivier Klein, se fait le héraut de Christophe Béchu, son N+1 ministériel.

Il est donc doublement évident – pour le logement et pour la musique – d’écouter la voix de son maître et d’accorder les violons.

Car les avis pseudo autorisés sur les besoins du pays en logements neufs ne manquent pas :

    • la Cour des Comptes, à ne pas confondre avec la Cour des Miracles
    • Bercy (de rien !)
    • diverses instances dites intellectuelles (think tanks et autres cercles)
    • différentes fédérations professionnelles
    • dont – aussi, et surtout ? – le persistant objectif étalon des 500 000 logements (mis en chantier, pour de vrai, quoi), souvent invoqué et évoqué mais jamais atteint sur les derniers quinquennats (le principe de base du fantasme, quoi 🙂 )

Mais l’étalon ne fait plus recette, car avoir l’estomac dans l’étalon, vous avouerez qu’il y a mieux comme remède de cheval à la crise du logement.

Car oui, la crise s’est invitée sur le thème du logement.
Or, la crise en thème, ce n’est vraiment pas une fleur de saison.

Vive le renouveau du printemps ! 🙂

Une montée de sève tardive ?

Sans doute, mais mieux vaut une montée de sève tardive qu’anticipée, cela permet au moins d’éviter un gel fatal des idées.

Alors, certes, ce sont bien les chiffres du logement qui ont pris une dégelée ces derniers temps, mais l’important c’est de savoir que ça va se réchauffer, non ? 😉

Quoique. Avec son objectif de 370 000 logements en ligne de mire, le ministre ne prend pas trop de risques en termes d’ambition.
(370 800, c’est le nombre de logements commencés en 2022, et il sera sans doute non tenu pour 2023, mais on va en reparler)

Il vient de lancer le cochonnet et ce sont les autres qui ont les boules.

Mais lui, il joue sur du velours (sémantiquement parlant, hein, on ne préjuge pas de l’efficacité réelle).

Il annonce largement moins que le maître étalon de 500 000, beaucoup trop ambitieux pour les moyens du club France.

Ce faisant, il donne le signal à Bercy et à la Cour des Comptes que le premier défenseur du secteur acte un besoin en logements neufs plus faible que les objectifs antérieurs.

Ce faisant aussi, il impulse en pleine crise du logement neuf l’idée (adressée à la filière) d’une forme de reprise d’ambition (modérée) collective, venant accréditer qu’une volonté politique existe et que – corollaire suggéré ? – les moyens de tenir cet objectif seront mis au point.

Tout de suite ? Non. Quand ? Bientôt. 🙂

Sauf que dire qu’on a pour objectif 120 000 logements sociaux, c’est intellectuellement malhonnête car n’importe quel observateur du secteur sait que ce n’est pas tenable.

Les pouvoirs publics avaient déjà annoncé vouloir faire 250 000 logements sociaux sur les 2 dernières années. Et ça a été un gros échec.

Moins de 100 000 logements par an.

Et maintenant, alors que la conjoncture est encore plus dure, avec des prix de revient qui explosent et des fonds propres en conséquence sur consommés, plus une rénovation thermique massive à mener tambour battant (vous savez, pour éviter l’étiquette passoire énergétique qui pourra interdire de louer), on voudrait nous faire croire que l’objectif de 120 000 logements sociaux neufs est réaliste ou sincère ?

Bref, pronostic perso : si 2023 voit plus de 80 000 logements sociaux mis en chantier, ce sera déjà un CRO miracle ! 🙂
(nb : je parle bien de logements mis en chantier et pas d’agréments de financement, car les mises en chantier réelles sont décalées et souvent inférieures aux agréments obtenus et ce décalage négatif va s’intensifier sans aucun doute car l’augmentation des prix de revient va « planter » ou retarder bon nombre de projets. En gros, les mises en chantier sont réelles alors que les agréments sont en partie virtuels. Tout dépend de ce que vous voulez mettre en avant…)

Quant aux 250 000 logements privés, on verra bien, mais la conjoncture n’est vraiment pas porteuse !

Jeu de piste ou indices de der ?

Le ministre évoque, à l’appui de ces fabuleux objectifs, et dans le droit fil des conclusions du CNR (ce fameux bidule de Conseil National de la Refondation, dans sa thématique logement), l’amélioration des moyens destinés à les atteindre.

Sans vouloir brouiller les cartes (indice et dix de der ? 🙂 ), les pistes ou indices évoqués quant aux moyens nouveaux paraissent dérisoires.

Mais on ne doit jamais désespérer, une bonne surprise serait tellement bonne.
Et si surprenante. 🙂

Car une énième resucée de fausses améliorations ou dérogations (pour faciliter la surélévation de logements ou la transformation de bureaux) aura à peu près autant de succès (nul, pour faire court) que les dérogations permettant aux maires d’accorder plus de droits à construire (plus haut notamment) aux projets vertueux… alors que ce n’est pas la règle qui gêne mais la volonté des maires qui enlèvent à tours de bras des étages pourtant autorisés par le document d’urbanisme.

Alors, en rajouter… et de manière dérogatoire… 🙁

Autre piste : « l’industrialisation du modèle du bail réel solidaire (BRS) » …

Alors là, mes amis… On est en train d’évoquer la banalisation et la généralisation des réserves d’indiens de l’accession à la propriété démembrée.

Puisque les gens n’ont plus les moyens d’acheter en pleine propriété (hausse des prix et des taux d’intérêt), on détache le foncier du bâti et on loue aux gens le foncier en leur vendant le bâti.
Imparable et donc magnifique, non ?

Ou comment flinguer le désir de propriété réelle et l’ascenseur social en contournant, à grand peine et sans vergogne, par une ingénierie financière idéologiquement orientée, l’incapacité à avoir pesé sur la formation des prix de revient (foncier depuis des années et produits industriels issus de filières quasi monopolistiques plus récemment).

On est ainsi gentiment en train de vouloir transformer une impasse sociétale en boulevard de l’hypocrisie résidentielle.

Et le pire ? Mais le pire, c’est que ça a, hélas, toutes les chances de marcher.

Car, entre le renoncement à une certaine vision du parcours résidentiel et de l’ascenseur social et l’intérêt à court terme de tout un tas d’intervenants, la partie est quasiment jouée.

Vous avez pensé « politique du logement » ? Mais qui pense encore à ça de nos jours ? 🙂
Mais, non, réfléchissez plutôt…

Les institutionnels (collectivités, aménageurs, bailleurs sociaux...) ne peuvent qu’être pour car on leur donne accès à un vivier permanent et à un parc résidentiel en vase clos, auto renouvelé et bien sûr totalement administré et verrouillé.

Les opérateurs (dont promoteurs) vont emboîter le pas car, quand vous êtes dans la panade commercialement, avoir des produits qui se vendent car moins chers, ça permet de maintenir des volumes et une activité correcte.

Les candidats à l’achat, entre ne rien pouvoir acheter ou acheter selon ce modèle dégradé qui ressemble au moins autant à de la Location Longue Durée qu’à de l’Accession à la Propriété (limitée) ? Hé bien, une partie au moins d’entre eux pourra se laisser tenter.

Et donc ?

Dessine moi l’avenir ?

Quand le courage, l’imagination et la compétence viennent à manquer, les pistes envisagées ne sont – au mieux – que des demi mesures !

Ce qui n’empêchera pas chacun de faire tout son (im)possible dans un paysage potentiellement transformé.

Pour quitter l’hiver vers un printemps radieux ? 🙂

Comme certains fort anciens et vénérables représentants chemiCROts de la SNCF (Système Neurologique Complètement Foireux), totalement ravis de leur parcours !

CRO en draisine
Hein ? On ne sait pas où on va ? Pas grave, l’essentiel, c’est d’avancer !

Bien sûr ! Le moral, c’est essentiel. 🙂

Surtout quand on fait le trajet en draisine et à la force du biceps malgré des essieux mal huilés.

Mais ne dit on pas : « Heureux les simples d’esprit car le royaume d’essieu leur est tout vert ? » .

Alors, foin de récriminations ou jugements négatifs…, laissons nous emporter par notre élan vital et printanier !!! 😉

Hop, hop, hop, hop, le tout c’est de tenir la bonne cadence !

 

Comme pour vous cette semaine.
Que CRO vous souhaite virtuellement idéale ! 🙂

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