Non, les opérateurs n’ont pas un petit vélo dans la tête.
Et oui, ils ont quand même un problème de cycle.
Avec les deux roues dégonflées et le dérailleur en vrac ! 🙂
Ainsi va le petit monde du logement neuf, pour lequel chaque jour qui passe sans (mauvaise) nouvelle est une bonne nouvelle.
C’est sûrement un problème météorologique, une sorte d’intersaison de la construction résidentielle à tendance récessive avec l’anticyclone des Açores remplacé par une dépression qui nous essore ? 🙂
La température ressentie n’est en tout cas pas optimale, ce que confirment les derniers chiffres révélés par la FPI le 14 septembre…
Hé oui, le président de la FPI, Pascal Boulanger, a donc officialisé des données quantitatives subodorées venant confirmer l’état régressif du marché.
Aucun effet de surprise concernant la tendance, seule l’ampleur mesurée du phénomène présentant un semblant d’intérêt.
Histoire de mettre fin à la posture de déni des pouvoirs publics ?
Le paon fait la roue et la roue fait PAN !
C’est pas tout de faire le beau comme un paon, car quand la roue fait « PAN ! » , la posture devient soudain intenable et le déséquilibre du mobile initialement en mouvement illustre parfaitement l’arrêt du cycle.
Et un cycle à l’arrêt, c’est, comment dire… fâcheusement inutile ?
Un peu comme des pouvoirs publics qui brasseraient autant d’air qu’une pompe à vélo ? 🙂 … Sans parvenir à regonfler la chambre à air vu le nombre de rustines foireuses encombrant sa surface.
Un cycle mal en point, donc, à en croire le communiqué de presse de la FPI concernant le 2ème trimestre 2023.
En gros, il est question d’une dégringolade parallèle de l’offre et de la demande, et donc d’un marché qui s’étiole à bas niveau.
Bingo ! On le disait ici même dès juin 2021.
Et sans aucun mérite puisqu’il suffisait d’observer objectivement pour comprendre et anticiper. 🙂
Quantités négligeables ?
On avait bien compris que le gouvernement considérait le logement et ses acteurs comme quantité négligeable.
Bonne et harmonieuse nouvelle ! Le secteur le lui rend bien !
Les quantités autorisées, mises en vente, vendues et produites sont de plus en plus négligeables.
On approche donc de la perfection pour un secteur déclaré improductif par le Résident de la République.
(oui, oui, paradoxe narquois, résident, comme dans un logement, vu que son bail est également limité 🙂 ).
Bref, le Résident de la République sera content de constater l’immense pouvoir de sa vision prophétique (et autoréalisatrice ?).
Quant aux vraies quantités du trimestre, un petit résumé ?
PERMIS DE CONSTRUIRE : moins 25.6 %
MISES EN VENTE : moins 37.9 % (et moins 28.8 sur le semestre)
VENTES : moins 30.2 % (et moins 30.8 sur le semestre)
MISES EN CHANTIER : moins 14.3 %
Commentaire : les mises en chantier vont bientôt dévisser plus violemment encore du fait de la baisse des permis (facteur un) et de la baisse des mises en vente (facteur deux : un permis obtenu n’est pas forcément une mise en vente du fait des recours des tiers et des autres motifs d’abandon ou de report comme une commercialisation infructueuse ou un dépassement de budget travaux par exemple).
En ce sens, la décélération accentuée des mises en vente ne présage à court terme rien de bon pour le niveau de l’offre future et de son nécessaire renouvellement.
Pour résumer, les permis de construire, c’est pas bon, les mises en vente, c’est bien pire (impossibilité de concrétiser le parcours), pour les survivants, les ventes c’est faiblard au possible et pour les mises en chantier, le retrait constaté n’est que l’avant-garde d’un recul bien plus marqué qui se fera jour lors des prochains trimestres (cf les indicateurs avancés que sont les permis, les mises en vente et les ventes, tous en recul puissant)…
En bref, et même si cela peut sembler incroyable, l’ensemble des indicateurs donne un niveau d’activité plus bas que pendant la période de COVID 2020 quand tout le pays était confiné.
Trop fort comme résultat ! 😉
Heureusement, il existe un motif de consolation : les pouvoirs publics déclarent être persuadés que sortir le plumeau pour dépoussiérer les quelques points de friction bloquant la machine (qui restent par ailleurs à identifier) sera la formule magique permettant de résoudre la quadrature du cercle (des poètes disparus ? 😉 ).
C’est tellement bon des certitudes si profondément ancrées dans l’incompétence et la communication. 🙂
Tout ça pendant que les professionnels rament sans parvenir à les faire bouger…
Ce qui nous donne incidemment un autre motif de satisfaction, plus écologique 😉 : si les falaises d’Etretat sont menacées par la nature, celles de l’incompétence sont en revanche indestructibles car solidement ancrées dans LEUR nature.
Question : comment mépriser à ce point le réel et les gens, dont certains plus compétents et aussi intelligents que vous ? 🙁
Avion à réaction ou promoteur à réaction ?
Les deux ! L’avion vous connaissez déjà.
Mais le promoteur turbine lui aussi dans son coin pour annuler le risque commercial du stock en cours de production. 🙂
Et ce cycle récessif, déjà rencontré dans le passé par des promoteurs « burinés » (merci de bien lire le i ! 🙂 ) pose à chacun d’eux, en fonction de son exposition au risque, au volume, et selon le stade d’avancement de ses chantiers et de ses ventes, la problématique de la solution ou de son cocktail de solutions.
Un peu de vente en bloc à bailleur social, un peu de vente de circonstance à investisseur institutionnel (Action Logement ou CDC Habitat), quelques actions promotionnelles ou révisions de tarif pour solder tel ou tel programme etc.
Cette stratégie vise pour chaque professionnel à éviter de se faire prendre au piège à loup et d’y laisser la peau.
Plus grave pour l’avenir, il réfléchira à plus de deux fois avant de lancer un nouveau programme si tout n’est pas bordé et avec une petite marge.
Car il vaut mieux ne rien faire que payer des gens à prendre des risques sans rémunération en contrepartie.
Toute formule magique a – à l’évidence – ses limites, et le renouvellement de l’offre ne pourra pas provenir de mesures « one shot » uniquement destinées à sauver ses fesses dans l’urgence ! 😉
Pour relancer l’offre, un schéma pérenne et équilibré est indispensable (du genre Pinel ou Pinel Plus ou autre dispositif) et aucune martingale ne pourra s’y substituer (subventionner la vente à perte aux investisseurs institutionnels ou aux bailleurs sociaux mérite de faire un peu de marge ailleurs 🙂 ).
Avec de belles paroles officielles ou sans…
Allez, menez bien votre barque cette semaine !
Et évitez les falaises qui tombent à pic… 😉