Pauvre premier ministre, tout le monde lui tombe dessus.
Cela doit être le sens profond de l’histoire. 🙂
On a d’abord eu Attila, puis Attali et maintenant Attal là… 😉
Et puisqu’il est là, il faut faire avec.
Bon, admettons. Mais après le déni et en matière de logement, il va falloir qu’il fasse de gros progrès !
De très gros progrès, même. Car parler ne suffit pas.
Surtout quand on parle à côté de la plaque. D’égout.
Mais d’égout et des couleurs, on peut toujours discuter ?
Heu… et de politique du logement aussi ? 😉
Le premier des ministres a donc pris la parole pour son discours de politique générale devant l’assemblée nationale.
Et il a abordé bien des thèmes. Dont le logement ! Si ! Incroyable… 😉
De fait, il a prononcé ce mot : « logement » .
Et il l’a très bien prononcé, plusieurs fois, en articulant et sans faire la moue de celui qui déteste les rentiers ou les paradis fiscaux.
C’est un excellent début ! 🙂
Le moment est critique, certes, mais les critiques du moment ?
Pauvre Gaby ! Dire qu’il croyait connaître la musique !
Mais d’autres l’ont chantée avant lui et connaissent bien mieux les paroles et les harmonies du secteur.
Alors, forcément, les paroles qu’il a prononcées, comment dire, elles étaient un petit peu… recuites ? Hors sujet ? Fausses ? Décalées ? Inopérantes ? Contre-productives ? En bref, nazes ?
C’est ça, dans un pays où l’on pense que le président, le premier ministre ou les ministres sont omniscients et descendent directement de Zeus par l’escalier de sévices…
Et où les conseils, recommandations, feuilles de route sont la résultante d’idées reçues, de dogmatismes, d’oukases budgétaires sans fondement ou sans cohérence, tous ces gentils conseils proférés par du personnel politique de passage, tout comme leurs cabinets, ou par une « haute » administration, permanente, elle, mais engoncée dans ses certitudes surannées tout autant qu’erronées, sans vision ni efficacité depuis des décennies.
Mais on est tellement bien entre soi quand personne n’ose vous contredire !
(jusqu’à ce que des tracteurs ou autres engins de chantier déboulent pour mettre la panique ? 🙂 )
Enfin… pour résumer, il est donc foncièrement injuste de dire que le logement est mal traité 😉 . C’est juste que personne n’y comprend rien et s’autorise donc à dire et faire n’importe quoi.
Jusqu’au moment où la réalité finit par vous rattraper. Car elle est puissante et têtue la réalité !
Plus que le vocabulaire, la sémantique, le champ lexical et les éléments de langage des pitoyables scribes et assistants chargés de prémâcher dans l’ombre et l’incompétence la parole publique et la voix officielle… 🙂
Et sur le fond, à part qu’on l’a déjà touché ?
Sur le fond de ce discours côté logement, des mesures, mesurettes et effets d’annonces.
Creux, sans portée réelle.
Et, surtout, strictement rien de nature à infléchir ou bouleverser les mécanismes de constriction (pas construction, hein, on s’en serait rendu compte 🙂 ) à l’œuvre dans les processus de production de logement.
Pire, à titre d’exemple, vouloir intégrer le logement intermédiaire dans les pourcentages de logement social, c’est, à la fois :
-
- reconnaître que le niveau demandé était débile et inatteignable (ce que nous avions déjà dit depuis très longtemps ici)
- faire plaisir à celles des communes qui étaient encore loin du compte
- faire baisser le nombre de logements neufs produits (au lieu de l’augmenter, c’est à dire le contraire de l’objectif revendiqué…) puisque les logements sociaux non créés ne seront pas compensés par les logements intermédiaires (petit cadeau aux copains institutionnels) dont le mode de financement est indépendant
- rendre un tout petit peu moins catastrophiques les bilans de promotion immobilière car un logement intermédiaire se vend un peu plus cher qu’un HLM
- ne rien changer au fait que les gens ordinaires, en accession à la propriété ou en investissement locatif personnel, n’ont toujours pas voix au chapitre
On est donc très très très loin de pouvoir créer un choc d’offre, concept idiot et éculé, vidé de toute signification quand on ne touche pas aux conditions et termes de l’équation susceptibles de produire un effet (surtout quand il est évoqué 30.000 logements en 3 ans, soit 10.000 logements par an, un peu comme si on comparait le contenu de son lavabo à un tsunami océanique 🙂 … aucune maîtrise des enjeux ni des ordres de grandeur => incompétence, impréparation ou foutage de gueule institutionnalisé ?…).
Il vaudrait mieux :
-
- arrêter de fantasmer sur la fausse piste du logement intermédiaire réservé à des institutionnels qui ne pensent ou ne penseront qu’à arbitrer financièrement leurs actifs d’ici 10 ans ou à peine plus
- ne plus traire la vache à lait du logement jusqu’au sang et redistribuer une partie de l’excédent budgétaire annuel dans des dispositifs efficaces et pérennes 🙂
- penser enfin aux vraies gens, aux individus faisant société pour leur proposer des schémas d’acquisition permettant de relancer à la fois leur trajectoire résidentielle et l’ascenseur social, et – par là même – relancer les volumes produits et vendus. Car le vrai goulot d’étranglement est la solvabilité de la demande et c’est donc très prioritairement là que l’effort doit porter !
Bref, pour l’instant, rien d’intelligent, de pertinent, de visionnaire, de cohérent, d’audacieux ou de sérieux. Juste des paroles. 🙁
Mais…
Des nids ou déni ? Une histoire de déni oui oui ?
Voyez vous, le premier ministre vient de recevoir une volée de bois vert.
Et il l’a méritée. Quand on veut changer le monde, il faut au moins changer d’arguments. Et ajuster les moyens nécessaires.
Cependant, sans vouloir CRO m’avancer, il y a quand même un point très positif que peu de monde a relevé, sous le coup de la déception, sans doute.
C’est l’abandon en rase campagne du déni pour faire des nids (petits et douillets ? 😉 ).
Jusqu’ici, officiellement, il n’y avait pas de problème de logement. Circulez…
Alors que maintenant, la thématique est quasiment inverse.
Le premier ministre vient d’acter qu’il y a problème et que le logement est une grande cause. A réarmer d’urgence ?
C’est un excellent début, car s’il y a problème, on va pouvoir parler solutions (bon, d’accord, là, c’est pas encore gagné… 🙂 ).
Alors que si tout va bien…
Allons, laissons une petite chance au dompteur de fauves ! 😉
Une performance est toujours possible… Si on veut bien aller au-delà des apparences ?
Le truc finalement, c’est qu’il ne faudra pas oublier de mettre en perspective les objectifs et les moyens, pour légitimer l’atteinte d’une performance.
Même si on doit l’atteindre en passant par un trou de… souris ? 😉
Bah, n’insultons pas l’avenir, nous serons tous tellement plus intelligents plus tard.
Quand nous saurons ! 🙂
Et vous savez quoi ?
Bonne semaine à vous, mes souriceaux et souricettes ! 🙂