La transe pas rance, c’est limpide ?

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La petite musique qui monte, sur le thème du logement, c’est celle de la crise.

Le ministre du logement, dans une interview très récente (du 28 avril à BFM Business), indique qu’il parle depuis Novembre de cette crise du logement, qualifiée de « bombe sociale » .

Les fédérations professionnelles sont à l’unisson, pour pousser la chansonnette dans le même registre, que ce soit HLM, Promoteurs, Architectes, Bâtiment, Ingénierie etc…

Les acteurs du logement existant, agents immobiliers en tête, s’émeuvent également de la conjoncture économique et des difficultés liées au financement des transactions.

Le président du MEDEF a également pris la parole, plusieurs fois en une dizaine de jours, pour souligner l’impact du logement dans la vie des français.

Bref, il semble qu’une certaine prise de conscience collective se fasse jour.

Mais jour ne veut pas dire transparence ou limpidité… 🙂

 

Vous savez quoi ? Ca va finir par être beaucoup moins drôle ! 🙂

Depuis le temps que CRO fait l’iconoclaste en pointant tout ce qui ne va pas… et maintenant tout le monde serait d’accord ?

Ben zut alors, il va falloir en faire davantage !

De logements ? 😉

Non, pas Trans, juste TRANSE !

C’est marrant tous ces acteurs publics qui virent leur cuti.
Qui font leur coming out… Des trans du logement, quoi !

Parce que, se rendre compte qu’on est en crise en Novembre 2022, quand on est ministre du logement, c’est un peu comme une vigie myope en haut de son mât, qui aurait oublié de voir la tornade arriver.

Ou, plutôt, qui aurait déjà oublié qu’elle est en partie le fruit d’une succession de décisions, récentes ou pas, aussi ineptes qu’incohérentes.

Ce n’est pas tout d’être gentil, il faut aussi être efficace.
Même quand Bercy n’est pas d’accord. 🙁

Bref, la prise de conscience collective semble commencer à émouvoir des cercles de plus en plus larges et, ce, de plus en plus intensément.

De là à créer une forme d’état second ? Quand l’ETAT premier est défaillant ?

Une sorte de transe fraîche, une transe pas rance, quoi, qui décillerait pour de bon nos décideurs ? 🙂

Houla ! Mais ce serait à peu près magnifique !
Enfin, surtout si une vraie lucidité accompagnait cette prise de conscience du problème.

Ce qui n’est pas forcément limpide à l’heure actuelle !

Une évidence… de salon ?

Faire valser toutes les incohérences et les goulots d’étranglement ?
Mais bien sûr !

En essayant d’éviter le syndrome du cha cha cha, où l’on recule autant qu’on avance sans toujours être à l’abri de faire des pas de côté.

Parce que les danses de salon ne se valent pas toutes ; et les évidences de salon pas davantage !

Cette prise de conscience doit donc nécessairement – pour être productive – déboucher sur un diagnostic rigoureux et des décisions à la fois courageuses et opportunes.

Et là…. on parle de quoi au juste ?

De seulement  sauver le soldat Ryan de la débâcle ?
Ou de reformater un système venant de prouver, une fois de plus, le peu de pertinence de son architecture, que ce soit en termes d’objectifs, de résilience ou d’efficacité ?

Une fois encore, le risque le plus évident est celui d’une mission de pompier à court terme, pour sortir les acteurs de leur indubitable mouise et éviter un maelström qui emporterait tout un pan d’activité.

D’où la tentation du rachat par gros paquets de programmes plantés ou au frigo par des filiales de la Caisse des Dépôts, par exemple.
Pourquoi pas ?

Mais ne rien changer à l’équation est la garantie qu’on ne change rien aux facteurs (mais non, on n’en veut pas à La Poste !) de déséquilibre et d’inefficacité consubstantiels à une sur administration totalement dépassée du secteur du logement.

Et à la survivance de règles et prés carrés d’un autre temps.

Donc, sauver l’essentiel du moment, oui, mais le faire en gardant les yeux ouverts sur un avenir à favoriser, en réelle transparence, ce serait bien mieux, non ?

Des éléments de langage ou une parole vraie ?

Depuis bien des années, les communicants insistent sur la forme du discours, sa structure et son contenu apparent (vous savez, « les éléments de langage »).

Alors qu’au delà des apparences formelles, il serait enfin temps d’en revenir au fond (pas trop dur, vu qu’on est en train de le toucher 🙂 ).

En gros, au lieu de juste nous dire, « il faut davantage de logements » ou « je suis le ministre du parcours résidentiel » , il serait plus intéressant de livrer une vision générale (et débattue ?) de ce vers quoi l’on veut tendre pour faire le bonheur résidentiel des français et de définir ensuite les moyens.

Et, pour une fois, jouer pleinement la carte de la libération des énergies, celle-ci ne pouvant s’affirmer qu’à travers un décloisonnement généralisé des esprits d’abord et des ressources ensuite.

Une illustration ?

Questions de bon sens

A ceux qui se demandent, à tout hasard, ce qui cloche dans le paysage franco français du logement neuf, quelques questions sur le mode candide 😉 :

– pourquoi une (sur) administration nationale et locale du logement, quand il n’y a pas d’objectifs clairement définis en termes de vision sociétale (sans parler des aspects quantitatifs ou qualitatifs) ?

=> pour corseter les acteurs du réel et rester les maîtres (par blocage institutionnel) d’un jeu sans animateur 🙁

– dans ce cadre, pourquoi une programmation annuelle du logement social, au lieu d’une gestion à flux continu, quand on prétend vouloir augmenter la production et la fluidifier ?

=> demandez au très puissant, les voies du seigneur sont impénétrables (pour les CRO magnons au moins 🙂 )

– pourquoi restreindre l’accès à certains dispositifs (le PSLA par exemple) au profit d’une catégorie d’acteurs en utilisant des biais réglementaires sournois (la garantie de relogement et de rachat, très difficilement négociables par les acteurs purement privés) ?

=> ben, pour les réserver aux gentils, bien sûr ! 🙂

– pourquoi, d’ailleurs, favoriser la location accession alors que le même dispositif, très simplifié, sans la phase obligatoire de location, coûterait moins cher (un acte notarié en moins) et serait plus sûr (pas de risque de perte de droit au crédit immobilier dans le temps, ni d’agrément définitif parfois aléatoire), sachant que l’épargne mensuelle de la phase locative est ridiculement faible et pèse moins que les surcoûts ou risques évoqués ?

=> parce qu’un quadruple saut périlleux avec entrechats, c’est plus casse-gueule mais tellement plus classe, administrativement ? 😉

– pourquoi rendre à la fois plus difficile et plus cher (les deux étant liés) l’investissement locatif alors qu’on manque de logements, que le jeu des étiquettes énergétiques (DPE / passoires énergétiques) va bientôt en flinguer un gros wagon, que chaque programme de logements neufs en zone tendue produit aussi du logement social et que tout ça rapporte plus que cela ne coûte ?

=> quelqu’un a une réponse intelligente ? Bercy d’avance ! 🙂

Le jacuzzi de CRO
Comme le dit mon ami Omar : « tout vient à point, à cuit sait attendre » . On s’habitue lentement à tout, vous savez…

– pourquoi, d’ailleurs, parler de logement social alors que c’est l’occupant qui est un être social ? Le logement est inerte, non ? On ne pourrait pas s’affranchir d’une classification des acteurs et de leurs champs d’action ?

=> la réponse est évidente, non ? On dira que c’est comme ça et que chacun essaie de garder sa place ? Même si effectivement, il serait tout à fait possible d’avoir une autre architecture, indépendante des statuts des acteurs, avec d’un côté des produits immobiliers banalisés, en parallèle un accompagnement social optionnel (pour les ménages les plus défavorisés) et un système d’aides au logement variables selon les revenus et le niveau d’un loyer de départ négocié selon la présence et le montant d’une éventuelle aide publique.
Bref, imaginer autre chose est possible, mais encore faut-il le vouloir !

– et pourquoi les plafonds de ressources ouvrent droit au logement social à plus de 70% de la population française ?

=> c’est tellement mieux quand les chiffres sont plus gros ? 🙂
De son côté, CRO pense que 70% c’est beaucoup trop élevé et que le recours à un logement d’exception devrait être réservé à moins de monde, ce qui pose en revanche le problème du niveau des salaires nets et du nombre de logements banalisés effectivement disponibles (et donc de la réussite de la rénovation et de la production neuve, pour faire baisser la tension sur le marché)

– est-il logique qu’à l’intérieur des programmes immobiliers, les promoteurs vendent à perte (activité normalement interdite, sauf quand ça arrange les pouvoirs publics nationaux ou locaux 😉 ) les logements sociaux en VEFA, rendant ainsi tous les logements privés bien plus chers (transfert de marge) alors que la barque est déjà bien chargée pour les accédants à la propriété ?

=> ben, parce que si ce n’était pas le promoteur qui payait, il faudrait que ce soient les pouvoirs publics (nationaux ou locaux) qui subventionnent pour assurer l’équilibre de la gestion locative.
Faut pas exagérer avec la solidarité, hein ! 🙂

– et ces promoteurs, ils ne feraient pas mieux d’acheter moins cher leur foncier plutôt que de se plaindre ?

=> oui, oui, on est bien d’accord sur le foncier, même si les motifs d’insatisfaction sont tellement plus nombreux…

– et alors, sur le foncier, on ne pourrait pas interdire ou conditionner ?

=> interdire, non, mais conditionner sans doute. Quand une contrepartie est accordée – et uniquement dans ce cas (réduction d’impôt ou autre avantage très significatif) – on pourrait imaginer un plafonnement du coût du foncier au m² de surface de plancher. A condition de le faire intelligemment (en fonction du contexte local notamment), dans l’esprit de faire et pas d’exterminer… 🙂

– comment aider les maires à produire plus de logements ?

=> heu, les aider ou les contraindre ? Car le premier hic se trouve là pour nombre d’entre eux (pas tous, on est d’accord), élections obligent.

– et comment faire muter la ville sur elle-même, pour éviter la consommation d’espaces agricoles ?

=> en faisant comprendre au maire qu’il faut s’engager dans une intensification bien pensée pour à la fois garder un confort / qualité de vie et permettre la régénération du tissu urbain (quand on veut acheter des fonciers à un prix raisonnable, il faut une quantité de m² suffisante pour décider le propriétaire à vendre à l’opérateur, sinon il vend à un particulier)

Et, bien sûr, il existe une multitude d’autres questions – plus ou moins techniques – aussi inconvenantes que simples parfois.  🙂
A chacun d’y rajouter les siennes !

Par ici la sortie ?

C’est la seule certitude que nous avons : la sortie (de secours ?) se rapproche.

En France, en transe. 😉

Mais alors : quand, en ne traitant que le court terme (…), en jouant sur les bons leviers, en pensant à qui d’abord (opérateurs, citoyens, pouvoirs publics) ???

Là, c’est un peu la bouteille à l’encre.
Mais on s’en fiche, pas vrai ? On est tellement bien, à petit feu dans notre jacuzzi !

 

Allez, on se reprend un petit cocktail. 🙂
En attendant la semaine prochaine : à la vôtre !!!

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