Un petit vélo dans la tête ?

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C’est sûr. Il y aurait de quoi devenir dingue.

A cause de la conjoncture du logement neuf ? Oui.

Mais pas que. Pâques. Pas qu’eux.

Eux ?

Les petits vélos qui veulent devenir grands ; et qui demandent plus de place.

Ou, plutôt, eux pour qui la loi, via le Code de la Construction et de l’Habitation, exige dorénavant davantage d’espace dans les programmes immobiliers résidentiels notamment.

Ca tombe bien, vous avouerez, une contrainte aggravante supplémentaire … le métier est devenu tellement facile depuis quelque temps ! 😉

 

A tous ceux qui croyaient encore au régime sans selle, il est temps d’adresser nos condoléances les plus sincères.

La bicyclette est montée en grade ; du statut de petite reine, le vélo est devenu roi des parkings.

Ah, les deux roues, si vous saviez comme on les aime !!! 🙂

Si le 2 roues vous a PLU…

Jusqu’il y a peu, l’histoire était assez simple.

Pour apprécier la part réservée aux 2 roues dans tout programme neuf, l’équipe de conception et la maîtrise d’ouvrage faisaient un peu de lecture.

On ouvrait le PLU, on le feuilletait jusqu’à la zone concernée par le projet, là on cherchait la page relative au stationnement, puis la rubrique 2 roues (bon, d’accord, parfois certains rédacteurs de PLU le cachaient dans les dispositions communes, mais on ne va pas ergoter là-dessus ! 🙂 ).

Et là, miracle de l’intelligence humaine formatée, on pouvait lire directement le sort réservé aux 2 roues.

Combien de mètres carrés, dans des locaux spécifiques ou pas, dehors ou dedans, en rez-de-chaussée ou en sous-sol, la diversité était possible et la lecture directe.

Imaginez un peu : même un apprenti promoteur non diplômé (je vous confirme, pas de diplôme de promoteur nécessaire 😉 ) pouvait comprendre la contrainte dans le cadre de sa première approche quantitative, au stade de l’étude de faisabilité.

Bref, on était quasiment en roue libre ! 🙂

On entame un nouveau cycle ?

Alors là, c’est sûr.

Et sur les chapeaux 2 roues, en plus !

Car il faut nettement travailler du chapeau pour intégrer la contrainte des deux roues.

Pourquoi ? Parce que.

La réglementation. Nouvelle. Supplémentaire. Très coûteuse.

Applicable à tous les permis de construire de plus de deux logements déposés à compter du 3 janvier 2023, en suite du décret du 25 juin 2022.

Nom de code : articles L113-18 et R113-11 à R113-18 du C.C.H.

En substance, il faut donc prévoir, dès lors que votre parking est « équipé de places de stationnement individuelles couvertes ou d’accès sécurisé » (nb : le cas de l’immense majorité des parkings en sous-sol), la réalisation d’infrastructures pour 2 roues :

– situées ou réparties sur la même unité foncière, de préférence au rez-de-chaussée ou au premier sous-sol du parc de stationnement, du bâtiment ou de l’ensemble d’habitations.

– dont l’accès aux infrastructures permettant le stationnement des vélos est assuré par une porte dotée d’un système de fermeture sécurisée

– comportant des dispositifs fixes permettant de stabiliser et d’attacher les vélos par le cadre et au moins une roue

– avec un nombre d’emplacements à calculer selon la typologie de vos logements (1 jusqu’au T2, 2 à partir du T3) et pour 1.5 m² de stationnement par emplacement (les circulations utiles au bon usage de ces emplacements venant en sus, sans être explicitement quantifiées)

Bon, là, quand on regarde l’impact sur les plans du sous-sol (par exemple), ça vous coupe l’appétit.

OSS sans disette ou James Abonde n’en reviennent d’ailleurs pas ! 😉

A quoi rêvent les promoteurs ?

Le droit de tuer une étude de faisabilité, c’est autorisé ? 🙂

Et ça change quoi ?

Tout.

Avant on ne regardait que le PLU.

Maintenant, on doit aussi prendre en compte le CCH et appliquer la règle la plus dure de ces deux références. Souvent le CCH.

Et c’est là que ça fait mal.

Nous avions déjà abordé ce sujet en 2022, mais quand on travaille sur du concret, tout ce qu’il y a de bien réel en 2023, il faut avoir un paquet de mouchoirs sur la table.
Et ça mérite qu’on le souligne (pas pour les mouchoirs, hein ?).

Parce qu’une centaine de m² de locaux sécurisés pour 2 roues en sous-sol, pour un programme d’une quarantaine de logements, ça fait vraiment mal, en plans et en budget.

Surtout que l’on sait déjà que ces locaux seront aux 3/4 vides, a minima, quand on a l’expérience des locaux actuels, peu utilisés et qu’on va multiplier par plus de 2…

Pourquoi ? Parce que – au-delà de la qualité et de l’attrait du réseau cycliste disponible localement, vaste sujet – les utilisateurs ont peur des vols ou des dégradations.

On va donc agrandir une baignoire quasiment vide. Pour y mettre des pots de fleurs ? 🙂

A la décharge (municipale ?) du législateur, celui-ci a prévu la possibilité de solliciter, dans le cadre du permis de construire, une minoration / compensation du nombre de places de parking automobile à concurrence d’une place auto pour 6 emplacements 2 roues.

Sauf que ceci n’est pas automatiquement accordé.

La contrainte est donc là de base, et la contrepartie optionnelle. Super. 🙁

Y en a vraiment qui réfléchissent trop.

Des flèches quoi !

CRO part en flèche !
Ah bon, ça se voit tant que ça ???

Dans un contexte où de trop nombreux élus préfèrent enterrer les projets immobiliers plutôt que d’aider à leur naissance, un autre levier est donc fourni, avec un nouvel impact sur l’utilisation des surfaces (la consommation d’espace en rez-de-chaussée ou en sous-sol) plus l’alourdissement incompressible du prix de revient des travaux (et donc du prix de vente…).

Avec la RE2020 et les surcoûts du PINEL PLUS sur le porte-bagages, on fait la course en tête (à queue ?) face à l’inflation mondiale de l’énergie et des matériaux. Si !

Faut pas jouer petit mollet quand on veut changer de braquet, et notre administration (au sens large, institutions et personnel politique inclus) le comprend tellement bien qu’elle l’anticipe toujours ! 🙁

Pauvres ZAD ministrés… 😉

Bon, s’agirait quand même de ne pas s’égarer.
Déjà que, se garer, ça devient coton pour les deux roues.

Intéressons nous à autre chose qui cloche comme il faut. 😉

 

C’est Pâques, quand même, et il nous reste le chocolat !
Bonne dégustation aux amoureux du cacao… 🙂

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