La bêtise me surprend toujours. Et pourtant, je sais qu’elle existe !
Depuis nos ancêtres CROs, elle a tellement eu l’occasion de prospérer qu’il serait vraiment… stupide 🙂 de ne pas s’en être rendu compte.
Mais là, sous nos yeux ébahis, entre résurgence d’idéologie et psychologie ou pseudo morale à deux sous, on est vraiment en deux sous.
De tout.
Un raisonnement de déraison en forme d’oraison pour obscurcir l’horizon du dispositif Loi Pinel ? Location ferait le larron… 🙂
Vous en avez rêvé ? La commission des Finances l’a fait.
Le totem de la bêtise crasse à nouveau érigé.
Comme le disait notre copain Lamartine : « Ô temps ! Suspends ton vol… » .
En remplaçant, « temps » par « Pinel » dans cette célèbre strophe, vous comprendrez simultanément l’opinion de la commission et le sentiment de frayeur qui parcourt la planète investissement locatif depuis quelques jours.
Le lyrisme fiscal est vraiment incompatible avec l’improvisation et la bêtise… 🙂
Une (apo) strophe en combien de pieds ?
C’est sûr qu’ils s’y prennent comme des pieds.
Mais sans savoir les compter, ni les conter, ce qui ne nous fera ni une belle poésie ni une belle histoire. 🙁
On se rapproche plutôt des Pieds… Nickelés, dans une approche aussi vaste que pertinente de la médiocrité intellectuelle.
Quelle est donc l’histoire, le début tout au moins ?
Simple. Les députés ont adopté le 7 Novembre un amendement (proposé par le rapporteur général de la Commission des Finances), lors de l’examen de la loi de finances 2019 en Commission des Finances, pour rétablir l’interdiction de louer un logement Pinel à un ascendant ou à un descendant.
Commençons d’abord par préciser que l’amendement voté pourra être remis en cause lors de son réexamen en séance publique, et que rien n’est donc fait à ce stade. Ouf ?
Mais quand même : comment est-il humainement possible de proposer un truc pareil quand on a déjà fait le chemin à l’envers et qu’on en a déjà apprécié les résultats ?
Tout le monde a déjà oublié Super Chérie ?
(heu, non, supercherie, pardon)
Rappelons que le Pinel d’aujourd’hui c’est le Duflot, avec principalement 2 améliorations ; choix plus large sur les durées d’investissement et possibilité de louer à un ascendant ou à un descendant.
Et CRO avait pris le pari, dans un article du blog du 18 Janvier 2015, que ces deux dispositions génèreraient dès 2015 plusieurs milliers de logements supplémentaires.
Résultat ? Un petit coup d’œil sur les statistiques…
2014 : 36 573 réservations à investisseurs (pour la dernière année du Duflot)
2015 : 53 187 (1ère année pleine du Pinel), + 45 % 🙂
2016 : 67 284
2017 : 69 558
N’importe quel imbécile comprendrait cela instantanément (dont CRO bien sûr ! 🙂 ).
Mais c’est sûrement ça le problème.
La perversion de l’intelligence, au profit de causes ou de réflexes que le CROmagnon de base a du mal à embrasser spontanément ? 😉
Un rapporteur, ça rapporte vraiment ?
Oui, si le rapporteur a le compas dans l’œil et qu’il met la gomme. 🙂
Mais si c’est le doigt qu’il se met dans l’œil, alors le rapporteur coûte. 😉
Triste et dispendieux paradoxe que celui d’élites qui se délitent…
Le nombril est décidément un horizon trop proche pour être pertinent.
Quelques idées simples :
A- avec plusieurs dizaines de milliers de logements supplémentaires (et au-delà du coût budgétaire du Pinel, qui coûte moins qu’il ne rapporte, on en a déjà parlé), l’état et les collectivités sont ils perdants ? Non.
B- sachant que le Pinel est le seul moteur actif du logement neuf (environ les 3/4 des logements produits) veut-on le pénaliser, ce qui pénalise aussi de facto les accédants à la propriété qui achètent dans ces mêmes programmes qui ne seraient alors pas lancés ? Non ?
C- Veut-on aussi diminuer encore davantage le volume de logements sociaux (dont une grosse partie est portée par des programmes mixtes solvabilisés par le Pinel) ? Non plus ?
Alors quoi ? Un oukase de principe (sur quels fondements ?) dans le plus pur style « Vous ne passerez pas ! » ? 😉
A moins que les arguments évoqués par les tenants de cet amendement ne soient réellement judicieux ? 🙁
Voyons voir… En vrac, il est question :
– d’effet d’aubaine et de risque d’abus (possibilité de cumuler la réduction d’impôt Pinel avec la déduction de l’éventuelle pension alimentaire versée au locataire),
– de portée sociale du dispositif seulement si la location est effectuée par le bailleur en faveur de personnes auxquelles il n’est pas lié par des liens familiaux ou de solidarité.
Hélas, ces arguments pseudo moralisants sont consternants de vacuité :
1- En effet, si l’investisseur loue à un tiers extérieur, est-ce qu’il ne peut pas verser – et déduire – l’éventuelle pension alimentaire versée parallèlement à un proche ?
Bien sûr que si, cela ne change rien ! 🙂
2- Pourquoi faut-il que le bénéficiaire de la location soit forcément un tiers pour qu’il y ait une portée sociale ? Quand on loue à ses enfants ou à ses parents (à condition qu’ils respectent les conditions de ressources et qu’ils ne fassent pas partie du foyer fiscal), il n’y aurait pas de portée sociale ? Et il faudrait que ce soit le voisin qui les loge pour qu’il y en ait une ? Et que vous soyez le bailleur de la fille du voisin, d’un ami, ou d’un ami d’un ami ??? 🙂
A moins qu’il ne faille être un seigneur (des anneaux ?) ou un hobbit comme CROdon Sacquet ?
(pour passer quand même ! 😉 )

Quand on reformule ainsi les reproches en termes compréhensibles et en situations réelles de vie, on voit bien que le sujet n’est pas celui pour lequel l’amendement est proposé.
Il faudrait revenir à des choses beaucoup plus simples (ce serait déjà un début de nouveau monde… 🙂 ), plutôt que de continuer à se faire des nœuds au cerveau avec des problématiques faussement moralisantes (c’est pas bien, non, c’est pas bien… 😉 ) et dogmatiques vraiment très très ancien monde (c’est pas mieux, non, vraiment pas mieux…).
Un pronostic tac tic tac tic tac ?
Comme le disent les bébés, le compte areuh bourre est enclenché. 🙂
On saura bientôt si ce vote était une embuscade et si le gouvernement et les députés vont se ressaisir et redresser le tir, une fois l’effet de surprise passé.
Car les statistiques 2018 du logement neuf marqueront une première inflexion négative depuis 2015, et 2019 sera d’ores et déjà très probablement moins bonne que 2018 (et pas qu’un peu).
Reste donc à savoir si on veut conforter un secteur à la fois utile et qui rapporte ou tordre le cou de manière masochiste à une poule aux œufs d’or qui tournait comme une belle horloge suisse avant que l’on y touche…
Tic tac tic tac tic tactique tactique tactique… 😉
Bah, on verra bien.
Parions sur l’intelligence ? 🙂