Que le logement soit à bout, c’est une chose. Certaine. 🙁
Qu’il soit déjà au bout du chemin, c’est une interrogation.
Mais, bonne nouvelle, la ministre a dans ses mains une feuille de route ; on pourra peut-être en faire un chemin carrossable ?
On le sait parce qu’elle a justement défendu, très récemment, sa feuille de route devant les députés.
Mais il y a quoi dans ce document ?
Quelque chose de cohérent, de convaincant, de puissant ? 🙂
Ou, encore une fois, les plans d’une voie en impasse ?
A la façon d’un sparadrap sur une jambe de bois.
Remarquez, on n’est pas obligé de tenter l’analogie avec la jambe de bois.
Un ragoût ferait aussi bien l’affaire, selon ce qu’on met dedans comme ingrédients.
A condition qu’il soit ragoûtant et de bon goût ! 🙂
Une route qu’on effeuille ?
Au-delà du signal initial favorable donné par la personnalité de la ministre et par le ministère de plein exercice, la perplexité – voire l’incompréhension – pointe le bout de son nez chez les professionnels du logement.
Quelques signaux ne sont pas franchement encourageants dans les derniers évènements ou déclarations :
– la ministre ne ferme pas la porte à une augmentation des droits d’enregistrement… Aïe.
– la loi votée le 7 novembre pour réguler la surchauffe de type AIRBNB, risque d’avoir des effets de bord significatifs sur le secteur des logements meublés (même ceux qui ne visaient pas la niche AIRBNB) en mettant à mal les équilibres financiers préexistants : abattement sur les revenus locatifs abaissé de 50 à 30 %, accompagné d’une réduction du plafond de recettes annuelles de 77 000 à 15 000 euros. Ouille.
Sur le premier point, on nage à contresens : les volumes vendus ont tellement baissé qu’on veut rajouter de la taxe (en augmentant le taux) pour que les départements se refassent la cerise.
Cette logique fait furieusement penser à la pratique high tech de la saignée…
Vous n’allez pas bien ? On va vous prélever un peu plus de sanquette ! 🙂Vous voulez un attique ? On va vous proposer de la tique.
Petit problème d’éthique ? 😉
Il vaudrait mieux élargir l’assiette en dopant les volumes que de saigner davantage la bête et aggraver la situation pour financer des départements qu’on contraint par ailleurs…
Sur le deuxième point, là aussi, la réponse est doublement négative : fiscalité et contrainte.
On veut taper au portefeuille en pensant que les gens vont faire marche arrière et proposer leurs logements sur le marché de la location longue.
Loin d’être évidente, cette mutation risque plutôt de faire enrager ou de dégoûter du logement une fraction des investisseurs.
Avec une évidence absolue et irréfutable : les coups de trique ne créent pas le moindre logement, or c’est bien de logements dont nous manquons cruellement, pas de surpoids de fiscalité…
Mais il est tellement plus facile de taper que de créer !
Mozart n’était pas bûcheron… 😉
Taper encore, au risque de troubler grandement le message et de décourager ?
Des lueurs d’espoir… pour la soif ?
Alors, bien sûr, il y a aussi des points considérés comme positifs :
– l’élargissement du PTZ sur l’ensemble du territoire pour le neuf (et dans l’ancien seulement pour les zones détendues).
– l’éventuelle libéralité qui consisterait à exonérer de droits de donation les sommes (plafonnement à valider) que les parents ou grands-parents pourraient attribuer par anticipation à leur progéniture pour que celle-ci, dans un délai rapproché, achète un logement de plein exercice (comme le ministère !).
Pour le PTZ, ce sont surtout les constructeurs de maisons individuelles qui vont sabrer le champagne ; car l’équation ne va pas changer pour les zones tendues en collectif, sauf à ce que les barèmes / quotités de prêt ne deviennent bien plus généreux ? A voir.
(notons au passage une certaine incohérence avec la volonté antérieure d’économiser les ressources foncières et avec le contenu philosophique de la loi ZAN).
Quant à la mobilisation de l’épargne assoupie, que le baiser du prince charmant viendrait réveiller sous l’effet euphorisant d’une fiscalité déportée dans le temps, si elle est à l’évidence un facteur positif, nul ne sait en prédire l’efficacité probable et la portée réelle. A voir aussi.
Et pour le reste ? Mais quel reste ? Rien bien sûr. Des miettes, des bricoles.
Ce qui est « amusant », c’est de lire ça et là de pseudo experts annonçant que le marché du neuf s’est stabilisé…
Si prolonger une courbe est être un expert, on devrait faire appel à toutes les chères têtes blondes de nos écoles primaires ; elles devraient y parvenir sans difficulté.
Le problème, ce n’est pas d’être capable d’extrapoler les graphes issus du passé, mais surtout d’anticiper ce qui nous attend en 2025, par exemple.
De fait, les résultats les plus récents (en termes de ventes de logements neufs) semblent montrer le bout du chemin, ou la fin de la descente aux enfers.
Ceci étant dû à l’amélioration du volet crédit immobilier (des banques moins frileuses et des taux d’intérêt en baisse), rassurant les candidats à l’achat et améliorant leur capacité d’emprunt.
Dans ce paysage, le dispositif PINEL est encore puissamment à l’œuvre, avec un argument commercial imparable et hyper efficace : après moi, il n’y aura plus rien.
Or, en 2025, qu’aura-t-on pour soutenir les ventes ? Pas grand chose, sauf ce que le PLF 2025 voudra bien nous accorder (cf ci-dessus) ou une nouvelle surprise de dernière minute, tellement espérée.
Autant dire qu’en l’état actuel des choses la disparition du PINEL va laisser un grand vide et que le sujet principal des discussions entre promoteurs est aujourd’hui de savoir comment il sera possible de lancer de nouvelles opérations en 2025 sans moteur de fusée ?
Rappel : et tout ce qui ressemble à une fusée ne l’est pas forcément !
Méfiance : les suppôts (sitoires ?) de Satan sont tapis dans l’ombre… 😉
Parachute ou chut… ?
Comme chacun sait, le saut en parachute comporte une composante importante de chute libre.
Avant l’ouverture du parachute. 🙂
C’est un peu l’impression ressentie par les maîtres d’ouvrage professionnels actuellement.
En pleine chute libre, avec des pouvoirs publics toujours très libres de continuer à dire chut chut chut chut. Taisez vous.
Bah, mais s’il faut souffrir en silence, plus dur sera le chut. 😉
Si on pouvait au moins éviter, par une manœuvre désespérée ou un stratagème d’état, de s’éclater au sol sans gloire ni efficacité, ce serait vraiment bien.
C’est vrai, quoi : arriver à produire des logements avec un bon petit 49-3 sur mesure (en convainquant le 1er ministre), ce serait tellement mieux que de se ramasser en ratant l’objectif !
Allez, Madame la ministre, encore un petit effort, parce que pour l’instant, franchement, on n’est peut-être plus dans le déni de la crise du logement, mais on est encore très loin du compte. 🙁
Et ce n’est pas la langue de bois qui créera des volumes en 2025 !
Au fait, 2025, c’est le bout du chemin ou le commencement de la route ?
Peu importe, ce n’est pas à nous qu’un petit saut dans l’inconnu va faire peur. 😉
Depuis le temps que le vide joue à plein…
On tiendra bien une semaine de plus.
Qu’on vous souhaite productive et joyeuse.
C’est de saison… 😉