A.D.I. : 3 lettres qui résonnent aux oreilles de tous les candidats au crédit immobilier.
Mais c’est quoi, ça fonctionne comment, ça coûte combien et ça protège qui en fin de compte ? Une petite chose très mystérieuse cette ADI…
Et moi, les choses mystérieuses, ça réveille ma petite part de … Colombo (ben, oui, désolé pour ceux qui auraient voulu que je me compare à James Bond, mais lui et moi on n’a pas les mêmes biceps valeurs).
Ne jamais oublier dans quelle catégorie on tire. Et moi, ce n’est pas dans le tas. Enfin, pas tout le temps ! 😉
Du coup, il faut que j’enquête si je veux pouvoir changer d’imper avant la fin de l’hiver et de bagnole avant la fin de l’année.
On y va ?
C’est vrai quoi, l’ADI ça n’a l’air de rien et en fait ça n’est pas grand chose.
Enfin, soyons plus explicite, ce n’est pas grand chose comparé au choix du logement, à son prix, au plan de financement, au taux du crédit etc… Mais c’est quand même quelque chose qu’il vaut mieux connaître et apprécier, comme un grain de beauté sur la joue d’une belle inconnue (houla, il va falloir que je me surveille moi, pas sûr que Colombo soit aussi lyrique) !
Savoir assurer sans en avoir l’air
Là, tout de suite, vous vous sentez concerné(e) ? C’est sûr, faire preuve d’assurance c’est toujours ça à ajouter à son crédit personnel.
Sauf que là on ne parle pas de vous mais d’elle.
Parce que l’ADI, si vous n’y prenez garde, s’insinue dans votre dossier de prêt avec un naturel et une facilité déconcertants.
Car si le commun des mortels pense à négocier un tant soit peu avec son banquier les principales caractéristiques de son crédit immobilier (la durée, le taux, le choix entre fixe et variable, la garantie entre hypothèque et cautionnement, éventuellement les frais de dossier), quasiment personne n’aborde le thème de l’ADI.
Sans doute à cause du respect du aux assurances, au prestige des assureurs, à l’idée qu’une assurance est une garantie à prix coûtant, qu’elle ne peut être dissociée du crédit et que de toute façon elles coûtent toutes à peu près la même chose et de manière négligeable ?
Il doit y avoir un peu de tout ça, et pourtant c’est faux. 🙁
La preuve ? L’ADI n’est pas légalement obligatoire. Aaaaaahhhh ???
Mais le banquier ne vous fera pas crédit si vous n’en souscrivez pas une. Oooooohhh !
Pour éviter d’aller de surprise en surprise, revenons aux fondamentaux.
Les bases de l’assurance décès invalidité
L’assurance décès invalidité (ADI) porte bien son nom. Elle garantit le remboursement du capital restant du en cas de décès ou d’invalidité de l’emprunteur. L’endettement disparait alors, ce qui va soulager le ou les emprunteurs ou les héritiers.
Notons aussi au passage que la banque est bien aise de cette disposition qui lui assure le remboursement par l’assureur. Donc quand on dit qui est assuré, on peut répondre c’est l’emprunteur qui paye, mais l’emprunteur (et ses ayant-droit) comme la banque bénéficient objectivement de l’assurance.
La couverture par l’assurance dépend aussi de la quotité. La quotité est la ventilation de la garantie entre les emprunteurs. S’il n’y en a qu’un, la quotité sera de 100 % sur sa tête. S’ils sont deux, tout est possible 50 /50, 60 / 40, 100 /0…
La répartition sera à décider en fonction des revenus de chaque co-emprunteur, car il est bien évident qu’il ne sert à rien de garantir dans un couple le conjoint qui n’aurait pas de revenus.
Il est a contrario possible de garantir à 200 % avec 100 sur chaque tête, mais cela va coûter 2 fois plus cher.
Une subtilité théorique : faire jouer ses biceps et ne pas souscrire d’ADI.
Difficile dans la pratique, car il faut l’accord de la banque et elle n’a pas de raison de renoncer à une garantie que vous payez.
Sauf si vous êtes de la famille de Bill Gates et que votre patrimoine personnel et les placements que vous avez dans cette banque sont copieux (au moins 2 à 3 fois le montant emprunté).
Là, si le banquier est très très très gentil, vous aurez peut-être droit à une exception (à condition de la demander) mais il est plus que probable que l’on vous demandera de nantir vos placements…
Rien n’est parfait dans ce monde !
Pourquoi c’est plus que moins ?
Parce que moins c’est pas grand chose ! Et l’ADI c’est davantage !
Exemple : le coût sur la durée d’un emprunt de 200 000 euros par exemple, avec une ADI 100 % à 3.50 euros par tranche de 10 000 empruntés va revenir à 70 euros par mois. Sur 20 ans, cela représente quand même 16 800 euros…
C’est quand même plus que pas grand chose, non ? D’où l’intérêt de savoir et de négocier le cas échéant.
Qu’est ce qui est possible avec l’ADI ?
Principalement deux choses :
1- changer d’ADI dès le départ
En règle générale, le prêteur a négocié avec un assureur un contrat groupe (par exemple la CNP) qu’il propose (ou impose de fait ?) à tous les emprunteurs. Mais l’emprunteur n’est pas obligé d’accepter cette ADI et peut demander à opter pour une délégation d’assurance (c’est à dire un contrat individuel avec un assureur tiers).
Dans la pratique, ce n’est pas toujours aussi simple car la banque essaiera le plus souvent de rester dans son cadre habituel.
2- changer d’ADI en cours de route
Plus amusant, il est aussi possible de changer d’ADI pendant le remboursement du prêt.
Mais la banque n’est pas tenue d’accepter, sauf si les garanties du contrat sont équivalentes ou supérieures à celles du contrat groupe et si l’assureur est notoirement solvable.
La question de base : pourquoi choisir un contrat groupe ou une délégation d’assurance ?
Parfois pour des conditions médicales, parfois pour les tarifs (à considérer : les contrats groupe sont tarifés en fonction du capital de départ, alors qu’en délégation la logique peut être celle du capital restant du). Rarement pour le plaisir !
L’équation sera donc différente selon votre âge et votre état de santé, les contrats groupe étant moins discriminants et moins chers pour les emprunteurs plus âgés, tandis qu’un emprunteur jeune et en bonne santé pourra trouver un tarif plus avantageux chez un assureur tiers.
Je vous l’avais dit ! C’était plus une enquête à la Colombo qu’à la James Bond (même si CRO fait le mariole avec ses biceps). Et vous, vous avez relevé d’autres indices sur la piste de l’ADI ?