Ca fait du bien de varier les plaisirs.
D’avoir des sujets de conversation de rechange.
Parce que, toujours évoquer le virus, ou la crise, ou le confinement, ou la relance, ça finit par devenir lassant.
Alors, forcément, quand les pouvoirs publics lèvent un voile énergique et énergétique sur quelque chose d’ambitieux, ça vous fouette les sangs, ça vous titille les neurones, ça vous shoote le métabolisme !
Enfin, ça, c’est juste avant de comprendre qu’ambition rime avec réglementation, contraintes et difficultés.
Bah, comme ne le disait jamais ma grand-mère : « vindiou, quand la RE2020 est tirée, il faut la boire ! » .
La boire pour la croire ? 😉
Et tant qu’à boire, boire le calice jusqu’à l’hallali ? 🙂
C’est un peu le sentiment qui prédomine ces derniers jours.
A défaut de relancer le secteur (le chat est très maigre sur ce volet), l’état dévoile des ambitions peu coûteuses pour lui mais potentiellement démesurées pour les acteurs de terrain.
Et pour le malheureux portefeuille rapiécé des candidats au logement.
Que voulez vous, l’ambition a un prix. Pour les autres… 🙂
Un vrai sens de l’à-propos
Les premiers arbitrages, dévoilant les contours de la future réglementation environnementale 2020 (alias RE2020) succédant à l’actuelle RT2012 (réglementation thermique 2012), viennent d’être rendus.
Quel délice ! 😉
Enfin des nouveautés. Et d’autant plus nouvelles qu’elles font passer par dessus bord un certain nombre d’éléments que les participants à la phase de réflexion préalable (dite E+C-) croyaient actés.
L’art du contrepied ! C’est la base pour déséquilibrer une défense… 🙂
L’état est donc d’attaque pour définir la future réglementation thermique et environnementale. Ca nous fait plaisir pour lui !
Par contre, quand on est bureau d’études, industriel, entreprise du bâtiment ou maître d’ouvrage, se réjouir n’est pas le premier réflexe.
Mais les professionnels ne sont jamais contents.
Vouloir préférer la cohérence ; quel manque de créativité ! 😉
Alors que l’état, dans sa clairvoyance sans égale, crée les conditions idéales pour un néo big bang de la construction et de la politique du logement !
Franchement, ça aurait eu l’air de quoi, quelque chose de raisonnable et sensé, hein ? Un bidule bien réfléchi, aux petits oignons, huilé à la perfection et articulé avec toute la machinerie réglementaire et prenant en compte la conjoncture pour son calendrier ?
Ca aurait été médiocre, petit bras, sans ambition ! 🙂
Alors qu’au lieu de ça, on a cette fulgurance géniale d’une nouvelle réglementation, d’application très rapide et très contrainte, ne considérant aucun autre paramètre.
La situation économique du secteur ? Anecdotique. 🙁
L’impact sur les prix de revient et de vente ? Négligeable. 🙁
L’absence de corrélation avec la politique du logement ? Le pot catalytique de quoi, déjà ??? 🙂
Bref, ce choix du raccourci est tout simplement génial de simplicité !
Tout faire péter pour recréer les conditions d’un redéploiement sans précédent !
A base de particules élémentaires, mon cher Watson !
On en a de la chance… 😉
Petit bêêêêmol, on ne sait pas CRO s’il sera possible à tous de s’en remettre…
Mais ceci n’est qu’un détail de l’histoire ?
Ahreu, ah RE, Argghhh RE2020 ! Y a quoi dedans ?
Ah, mais ça, braves gens… si encore on était sûrs…
On ne sait que ce qui en est dit pour l’instant.
En résumé :
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- fin 2020 – début 2021 : élaboration des textes (consultations publiques, avis du CSCEE)
- 1er trimestre 2021 : publication des textes
- été 2021 : entrée en vigueur de la première phase de mesures (notamment maisons individuelles)
- élimination progressive des solutions gaz (de la maison individuelle dès 2021 et des logements collectifs dès 2024)
- favorisation très relative des solutions électriques : baisse du coefficient de conversion d’énergie primaire de 2.58 à 2.30 (facteur favorable à l’électricité) mais volonté de limiter l’effet Joule (comprendre : le chauffage électrique et la production d’eau chaude sanitaire avec des résistances électriques)
- mettre fin progressivement aux énergies fossiles (pas aux faux-cils, hein, c’est pas à l’œil tout ça ! 🙂 )
- aller vers des constructions économes en carbone, passives ou faiblement énergivores, sans recours (ou le moins possible) à l’usage de climatisation
En gros, à ce stade, tout ceci vise à pousser la filière bois et milite pour la mise en place de systèmes constructifs mettant le bois à l’honneur (maisons ou immeubles à ossature bois).
L’ère du béton est donc menacée.
Nous faisons à rebours l’histoire des 3 petits cochons.
Nous quittons la maison en dur pour celle en bois.
Avant de finir sur la paille ??? 😉
Passer des jours chômés aux jours chaumés, c’est extra !
(faut bien trouver un motif de réjouissance…)
Avoir le sens du bétail ?
Ca, c’est vache comme question. Mais c’est veau-lontaire. 🙂
Tout le troupeau de la construction va devoir composer avec d’anciens et de nouveaux indicateurs.
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- CEP avec son CEP max et un nouveau CEP,nr (accompagné d’un Cep,nrMax, butoir destiné à plafonner les consommations d’énergie d’origine non renouvelable, mais au seuil non encore connu…)
- Bbio avec son Bbio Max (en gros la qualité de l’enveloppe du bâtiment, indicateur déjà connu mais dont la limite va être abaissée de 30% pour forcer à améliorer le bâti)
- Ic énergie (indice carbone) avec son Ic énergieMax
- Ic composants (impact carbone des consommations d’énergie du bâtiment durant 50 ans) avec son Ic composantsMax (non encore défini)
- DH (degré-heure) d’inconfort d’été, avec son DH_max
Tout ceci fonctionnant par zones climatiques, bien sûr, car le nord, le sud, la plaine, la montagne, la mer : ça n’est pas pareil !
Un peu comme si on voulait comparer un viking déboussolé ayant perdu son drakkar… à une habitante typique du sud de notre continent.
Une généreuse mama latine, parlant avec ses mains, une authentique et succulente représentante de la tribu des ChoCRO latines ! 🙂
La générosité et le bon goût, plus que le nom ? 😉
Enfin… pour en revenir à la nouvelle équation environnementale et réglementaire, un petit message supplémentaire à tous ceux qui peuvent penser que, finalement, ce ne sera pas si difficile : se méfier des effets secondaires restrictifs et sournois.
Par exemple, pour améliorer le Bbio, se dire qu’on va renforcer l’isolation en toiture ou en façade, sans envisager que ces surconsommations de matériaux vont dégrader la note carbone du côté de Ic… Soupir…
Le diable est dans le bétail ? 😉
A noter aussi, concernant les gaz à effet de serre, que leurs émissions sont supposées être prises en compte pendant toute la durée de vie des matériaux via l’utilisation de la méthode dynamique pour le calcul des ACV (analyse du cycle de vie), ceci favorisant directement l’emploi de matériaux biosourcés.
Ah, les matériaux biosourcés, le chanvre, le … c’est tellement planant… 😉
La nature et les plantes, y a qu’ça d’vrai !
Enfin, le principal, c’est que les acteurs du secteur vont enfin avoir l’occasion de redevenir des explorateurs de l’improbable avenir, des défricheurs de forêts réglementaires et de ressentir à nouveau le souffle de vie des aventuriers.
A leur corps défendant, certes, et à reculons pareillement.
Mais même la marche arrière, c’est toujours un mouvement ! 🙂
Imaginez : on n’allait pas minablement se contenter de mesurettes d’économie ; non, non, les grandes mesures de « déconnomie » c’est tellement plus percutant…
Ne soyons pas mesquins ! 🙂
On le sera assez du côté des acquéreurs, fatalement moins nombreux, qui vont s’étonner de la douloureuse en bout de course. 🙁
Encore un effet secondaire de « la relance » (une relance, où ça une relance ? 🙂 ) à la sauce réchauffement climatique ?
Alors, d’accord, à l’évidence, c’est trop, trop vite, avec des filières de production (bois, matériaux biosourcés) encore insuffisamment dimensionnées, avec des industriels qui vont devoir tout revoir et très vite, avec des entreprises du bâtiment à la ramasse, avec des permis de construire faméliques, avec une maîtrise d’ouvrage aux fesses serrées (ben, oui, décontractées dans ces circonstances… faudrait vraiment abuser de fumette biosourcée ! 🙂 ).
Mais, en fin de compte et dans ces conditions, soyons cohérents, de quoi se plaint-on ?
Rappelons que la réforme s’applique en fonction de la date de dépôt des permis de construire, ça c’est validé. 🙂
Mais elle ne peut s’appliquer qu’aux permis de construire obtenus.
Et vu qu’on n’en obtient plus, autant dire qu’il n’y a pas de réforme !
CQFD.
(ben zut, il sert à quoi cet article, alors ? Désolé pour tous ceux qui ont lu jusque là ! 😉 )
La vie est bien faite finalement. Pourquoi en douter ?
En attendant les prochains détails…
Et vous, vous allez réformer quoi cette semaine ?
L’humeur du moment ? Souriez ! 🙂