On ne naît pas promoteur. Et on n’est pas promoteur non plus.
Au début. On le devient parfois, au fil du temps et des hasards de la vie.
Au détour de circonvolutions humaines plus que d’évolutions darwiniennes. Pas le temps pour ça.
C’est ainsi que l’on peut passer par tant de caps.
Et d’épais… concours de circonstances. 😉
Elève, collégien, lycéen, étudiant, banquier, promoteur du social et du privé.
Vocation implicite ou trajet de boule de flipper ? 🙂
C’est vrai qu’il y a de quoi flipper. 🙂
L’angoisse de toutes ces trajectoires personnelles erratiques, ces parcours méandreux qui aboutissent à l’amer.
Heu non, à la maire, ou au maire, bref aux maires. Et l’Odyssée… 🙂
En gros, une traversée mouvementée mais plus épique et pic et colégram qu’une comptine pour enfants.
Logique, car entre enfant et homme, c’est juste une histoire de devenir et donc de temps, de hasard et de conditions.
Et Si ?
Homme ou Promoteur ? Quelle compatibilité ?
Mince, je n’y avais jamais pensé. Les promoteurs sont-ils des hommes ?
Des hommes (ou des femmes, on est d’accord ! 🙂 ) comme les autres, je veux dire. Des descendants de CRO ordinaires, quoi !
Et si Rudyard Kipling avait été amené à fréquenter des promoteurs, il en aurait dit quoi ?
C’est CRO tentant d’imaginer ça, non ? 😉
Si. Mais si, quoi !
Si tu peux te faire dézinguer des permis
Et sans piper mot te laisser grave pourrir,
Ou te laisser piquer hardiment des radis
Sans ni t’étrangler ni vomir ;
Si tu peux faire semblant presque tous les jours,
Si tu fais cet effort d’essayer de comprendre
Et te garder prudemment de faire la cour,
Pour éviter de te méprendre ;
Si tu peux encaisser de belles fariboles
Dictées sans retenue par des gardes des sots,
De tes deniers faire à grand regret l’obole
Sans oublier de rester pro ;
Si tu as la guigne et la soupe populaire,
Si tu peux rester humble et pédant à la fois
Et si sans paraître inamical ou sectaire
Tu parviens à garder la foi ;
Si tu sais écouter, partir et reparaître,
Braver ton sens critique et celui de l’honneur,
Supporter sans sourciller que l’on t’envoie paître,
Réduire à néant ton labeur ;
Si tu veux rester pur, sans être leur otage,
Si ton appétit des couleuvres est moins qu’ardent,
Si tu peines à trahir tes rêves un soir d’orage
En gardant le moral pourtant ;
Si tu peux plastronner sans atours ni trompette,
Jouer tout ton temps, ta vie et même tes ronds,
Si tu peux tester ton courage en vraie tempête
Quand ton or se transforme en plomb ;
Alors, les lois, les maires et tous tes beaux espoirs
Seront sans aucune condition tes amis
Et, bien mieux que lopette ou prince d’un soir,
Tu seras promoteur mon fils !….
Signé : Brouillard Kifling
(nom d’emprunt acheté à crédit avec un prêt à taux zéro 😉 )
Bon, d’accord, c’est pas gagné… et pas non plus destiné à créer des vocations ! 🙂
Mais c’est tellement tentant de forcer le trait et noircir le tableau !
Vous sentez bien le souffle de l’épopée urbaine des temps modernes ?
Non ? Ben zut, alors… j’aurais mieux fait de plagier le Livre de la Jungle !
(en version préhisto bien sûr 😉 )
C’est si difficile, d’être promoteur ?
Comment dire… il y a beaucoup de métiers bien plus durs physiquement.
La vraie difficulté est l’arbitraire et l’incertitude qui l’accompagne.
A une époque pas si lointaine (moins d’une génération professionnelle), quand un CROmoteur signait une promesse de vente de terrain, il savait qu’il avait fait le plus difficile et qu’il allait porter son projet à destination.
Le vendre, le construire, le livrer et en retirer les subsides prévus sur son prévisionnel (à quelque chose près).
Maintenant, c’est beaucoup beaucoup plus compliqué. 🙁
Signer une promesse : il faut se mettre des claques avec une concurrence plus nombreuse, plus féroce et plus collectivement stupide que jamais.
Après la promesse : il faut convaincre la mairie de l’intérêt du projet (peu importe que le PLU soit respecté, il y a longtemps que cela ne suffit plus) et se plier à des diktats parfois ineptes et à des chartes à la fois illégales et assez souvent idiotes (au moins partiellement).
Puis si la Mairie est d’accord sur le principe, il faut assez fréquemment (de plus en plus souvent) rencontrer les riverains, et parfois avant le dépôt du permis de construire !
(c’est beau le droit républicain… surtout quand les riverains préfèrent que rien ne se fasse près de chez eux 🙂 )
Puis, en supposant le permis accordé, vient le temps du recours des tiers et de la course à l’échalote pour trouver l’acquéreur en bloc des logements sociaux inclus dans votre programme.
Et si possible à un prix pas totalement débile. Déjà que la vente à perte est systématique…
Puis il faut rentrer dans le budget travaux (avec selon les époques, un outil de production sous tension) et pré-commercialiser avant de pouvoir passer au chantier.
Donc, le plus difficile dans le métier de promoteur, ce sont les à-coups de la conjoncture et les aléas sur-arbitraires pouvant survenir de la part de gens pas forcément compétents ou bien intentionnés mais disposant d’un pouvoir de nuisance.
Stress et frustration : l’équation de la glorieuse incertitude du sport appliquée au logement neuf ! 🙂
Autorisé ou interdit ?
On pouvait penser un temps jadis que tout ce qui n’est pas interdit est autorisé.
Maintenant, tout ce qui est autorisé n’est pas interdit. Mais pas non plus forcément réalisable. Sous conditions.
Il faut être autorisé par les textes, par le pouvoir local et par l’environnement immédiat de votre projet.
Ou partir en procédure devant les tribunaux.
Braver l’interdit, en pareilles circonstances, peut se révéler tentant…
Franchir le Rubicon, faire fi du prohibé. 🙂
Comme nos ancêtres du temps de la CROhibition ! 😉
Ah bon sang ! Mais qu’est ce que j’aimerais ressortir ma massue massulfateuse et arroser tous les empêcheurs de construire en rond… 🙂
Je t’en foutrais moi, du politiquement correct, pas vrai AL CapCROne ?
Rien que d’y penser, je me sens redevenir un homme promoteur ! 😉
Les vocations remontent… 🙂
Allez, lâchez vous aussi !
Une petite rafale… de commentaires ? 😉
… Ah non, c’est un peu court jeune homme
On pouvait dire, ô dieux, bien des choses en somme
En variant le ton, par exemple, tenez :
Agressif : « c’en est trop, Monsieur, vous maintenez
Que votre pré-carré à la forme malsaine
Vaudrait le même prix que le bois de Vincennes. »
Amical : « ce terrain, vous l’aimez, soyez franc,
S’il vaut si peu d’euros, préférez-vous des francs ?
Signez là cher ami, c’est l’heure des agapes. »
Descriptif : « sur ce roc, sur ce pic, sur ce cap,
Nous allons ériger la ville majuscule. »
Curieux : « n’êtes-vous pas un peu funambule
D’afficher ce permis qui ne tient qu’à un fil ? »
Gracieux : « ils sont beaux ces voisins qui défilent
Déposer leurs mots doux à l’enquête publique. »
Truculent : « quoi ? six mois de retard ? fantastique !
Ô joie, on va fêter le printemps à Noël. »
Prévenant : « avez-vous réservé un hôtel ?
Si j’en crois les délais avec GRDF
Nos clients bienheureux vont tourner SDF. »
Tendre : « ne pleurez pas, une affaire perdue,
C’est dix de retrouvées…Plus tard bien entendu. »
Pédant : « vous le savez le grand Le Corbusier
Fuyait les règles dont hier vous abusiez. »
Cavalier : « quoi l’ami, ce toit est à la mode ?
Pour y planter des choux, c’est vraiment très commode. »
Emphatique : « cherchons au cœur de l’Univers
Car le Grand Architecte, lui seul fera l’affaire. »
Dramatique : « voilà, Hercule ton treizième. »
Admiratif : « comment pondre autant de millièmes ? »
Lyrique : « enfin Babel fait sa cour aux nimbus. »
Naïf : « c’est dans ce hall qu’on range l’autobus ? »
Respectueux : « souffrez, Monsieur, qu’on vous salue,
Vous avez trouvé là un fort beau nom de rue. »
Campagnard : « ‘ham bon diou, j’y va pouvoir y met’
Un quarteron de biaux eud’dans vos maisonnet’s. »
Militaire : « un tel chef inspire le respect ! »
Pratique : « à mon avis, je reste circonspect,
Vous n’êtes pas payé cher de l’heure, vraiment. »
Enfin, parodiant ce cher Chevènement :
« Un promoteur malin, ou sa ferme sa gueule
Ou bien ça démissionne et tire son linceul. »
Un grand merci à Edmond Rostand…
@ Philippe : ça, c’est pas du jambon Serrano de Bergerac !
Une bonne tranche… de lyrisme ne nuit pas. 🙂