Alors là… c’est un paradoxe au moins aussi étonnant que l’analyse divergente des chiffres de la construction 2019 entre les pouvoirs publics et les professionnels.
L’approche des élections municipales n’étant sans doute pas étrangère à la volonté de donner, par une présentation en trompe-l’œil, plus de consistance à une conjoncture bien molle, qui fait que de plus en plus de structures de promotion sont dans le dur… pour tenter d’atteindre des objectifs relevant du domaine du virtuel.
De toute façon, il y aura toujours quelqu’un qui aura quelque chose à redire. 🙂
C’est comme le syndrome du Carambar : quand il est froid, il est trop dur et donc immangeable ; quand il est chaud, il est trop mou et fait sauter les plombages.
Et c’est pour ça qu’on l’aime ! 🙂
C’est quand même chouette les statistiques… 😉
Quand une vérité dérange, il y a deux solutions.
Soit on cherche les causes de cet état de fait pour corriger le tir et aboutir à une nouvelle vérité plus conforme à l’objectif souhaité.
Soit on prend une posture de Tartuffe en drapant la vérité dans une tirade communicante du style « Couvrez ce sein que je ne saurais voir… » .
Et là, les réactions ne sont pas vraiment les mêmes entre politiques et professionnels.
Amélioration ou pas ?
Bien sûr que non. La baisse de la construction continue.
Certains médias rendent compte d’une année en demi-teinte, alors que le syndicat professionnel des promoteurs immobiliers est plus catégorique.
Un dernier trimestre civil 2019 en amélioration (suspecte ?) ne suffit pas à inverser la tendance d’une année baissière dans sa globalité.
2019 a donc vu une production légèrement en baisse, mais, fait aggravant, avec une évolution défavorable par rapport aux axes de la politique officielle du gouvernement.
En effet, le logement collectif est à la traîne alors que le logement individuel s’est refait une petite santé ; le tout en parfaite contradiction avec la volonté affichée (mais pas forcément réelle dans les actes) de réduire l’artificialisation des sols et la consommation d’espace (entre autres).
Alors, bien sûr, un ministre ne se trompant jamais, quand Julien Denormandie affirme « Aujourd’hui, sur le terrain, on sent qu’il y a une activité très forte » , on ne peut que penser – en toute bonne foi 😉 – qu’il a l’odorat bien bien bien plus sensible que le commun des mortels. 🙂
Car chez ces derniers, au-delà des chiffres officiels et petites phrases politiques dignes des meilleures heures de la méthode Coué, l’opinion des promoteurs dans les conversations « off » est unanime.
On rame dur pour avancer sur le sable…
Et pour les trimestres à venir ?
C’est encore plus simple !
Concernant les mises en chantier, la tendance va rester à la baisse pendant plus de 12 mois ; 2020 sera donc encore en-dessous des chiffres de 2019.
On ne peut pas impunément saigner le stock de permis de construire pendant plusieurs trimestres consécutivement et espérer un redémarrage inconditionnel juste après les élections municipales.
La construction est une filière à cycle lent.
Il faut trouver un terrain, travailler avec architecte et collectivité, déposer le permis, l’instruire, l’obtenir, le purger du risque de recours des tiers, préparer la consultation des entreprises, négocier, signer les marchés, acheter définitivement le terrain etc…
Tout ceci ne se faisant pas en un jour (et en passant sous silence la nécessité de pré-commercialiser et obtenir les accords financiers préalables).
Indice complémentaire : quand vous êtes promoteur et que des structures commerciales inconnues vous appellent pour proposer leurs services, ce n’est pas parce qu’elles vous trouvent exceptionnel ou sexy.
Vu qu’elles ne vous connaissent pas… 😉
C’est juste qu’elles ne trouvent plus d’offre qualifiée chez les collègues avec lesquels elles ont jusque là l’habitude de travailler.
Et quand ça vous arrive plusieurs fois en peu de temps, ce n’est donc pas le fait du hasard.
Bref, il y a encore de quoi se distraire avant de redresser le niveau de l’offre commerciale et d’arriver à donner de nouveaux ordres de service aux entreprises ! 🙂
Ordres de service qui vont donc tarder à se faire sentir (ah bon, il y en a d’autres qui sentent les choses ? 🙂 ) dans les chiffres des mises en chantier.
Et si on se projette à 18 mois ?
C’est là que ça va devenir intéressant.
Et ça dépendra de l’attitude des nouvelles équipes municipales.
Auront-elles enfin compris que construire sans gaspiller les ressources (et trouver les moyens de l’acceptabilité de ce postulat par le plus grand nombre) est une nécessité absolue ?
Ou préfèreront-elles gérer leur cheptel électoral, dans une logique d’eau tiède et d’entre-soi confortable, avec pour seul objectif un nouveau mandat dans 6 ans ?
On devrait suggérer à la présidente de la FPI d’inviter Greta Thunberg pour une entrevue avec le premier ministre et le ministre du logement ? 🙂
Ben quoi ? Aux grands maux, les grands remèdes !
Parce que pour l’instant, on a seulement « Aux grands maux, les petits mots » et ça ne résout rien du tout…
Les paroles s’envolent… et la réalité s’étiole !
Donc, si les municipalités échappent au dangereux virus commun du moment…
Mais non CRO, pas celui-là !!!
Mais quel boulet ce CRO ! Opportuniste ! 😉
Pffff. Lamentable, ce CRO… 😉
Mais reprenons : donc, si les municipalités échappent au si commun virus égocentrique et se remettent à autoriser des logements dans un esprit de développement durable et d’économie d’espace, alors la situation s’améliorera et les statistiques suivront.
Sinon, il faudra s’en remettre aux sixième ou septième sens des mutants politiques ou lire dans le marc de café pour connaître l’avenir.
Celui qu’on n’aura pas construit. Mais subi. 🙁
Heureusement, à l’époque de la Chandeleur, on a le droit de se crêper le chignon. Ou de se gaufrer.
Même quand on a l’odorat puissant… 🙂
Alors, profitez bien des crêpes et gaufres.
Les vraies ! Elles sont bien meilleures… 😉