La tentation est commune de prendre la situation actuelle dans le logement pour éternelle.
Et l’encouragement des habitudes pousse les esprits paresseux à l’illusion de l’immuable.
A moins que le confort réglementaire de certains prés carrés jalousement verrouillés ne pose des œillères à des cerveaux pourtant conscients et éveillés ?
Chacun se fera une opinion selon sa situation et sa culture personnelles.
Une chose est certaine cependant : quand de nouveaux horizons se présentent, il vaut mieux être prêt à les explorer et à aborder le grand large plutôt que se complaire coupablement à des régates de bord de plage.
Ne jamais confondre espadrilles et escadrilles, question de lucidité…. 😉
A l’abordage !
Entre abordage et sabordage, je préfère le premier terme.
De premier abord, mille millions de mille sabords !
Car se saborder ou (s’)échouer ne fait pas avancer sur la voie de la réussite.
Celle qui passe forcément par le changement !
Elections pestilentielles : demandez les programmes !
Rendons grâce à Coluche pour le sous-titre.
Pas par amour du jeu de mot politique, hein !
Mais parce que, vraiment, il y a des échéances qui ne sentent pas bon quand on les prend à l’envers.
Et qu’en tant que professionnels du logement, il vaut mieux savoir à quelle S.O.S. on va être mangé… 😉
Parmi les programmes supposés (oui, hein, supposés, parce que l’animal politique est de signe astral recto-verso ascendant girouette) des candidats aux Présidentielles, on relève pour l’instant que les signes des astres risquent de mener au désastre des cygnes si on n’y prend garde…
Dans ces embryons de programmes, on relève des philosophies et des tendances plus ou moins abouties.
Les positions de Jean-Luc Mélenchon sont claires :
« Camarades ! Pour lutter contre l’impérialisme immobiliaro-mercantilo-libéral, une seule solution !
Tuer le marché. Quand la bête sera morte et que plus rien ne marchera, nous serons sûrs qu’il n’y aura plus de parasites et nous serons tous égaux. » 😉
En gros, ceci passe par l’encadrement généralisé des loyers et par une décote en zones tendues.
On pourra y ajouter l’obligation du permis de louer dans certains endroits, plus une augmentation sévère de la taxe sur les logements vacants en zones tendues.
Pour le neuf, une petite gâterie avec des chartes et des clauses anti-spéculatives pour encadrer les prix (et empêcher les acquéreurs de s’enrichir trop vite aussi…), à l’appui de l’arrêt immédiat de toute aide fiscale à l’investissement locatif privé.
Pour le logement social, on ne change rien, on tape simplement plus fort en plafonnant les loyers à 20% des revenus, en produisant davantage de logements sociaux et très sociaux et en portant le taux de logements SRU de 25 à 30 % en zones tendues.
De toute façon, quand on sait que 25 % est déjà impossible à tenir, 30 % c’est encore plus fort !
Bref, globalement, la mort du petit cheval et la chute de la construction.
Pour Benoit Hamon, la posture est moins caricaturale, mais certains outils sont communs (30 % de logements sociaux et encadrement des loyers dans les grandes aires urbaines), avec une concentration des financements publics sur le logement social (dont aussi « l’accession sociale sécurisée »).
Sans compter la mise en examen en ballotage défavorable des politiques de défiscalisation.
En gros, un hologramme masculin de Cécile Duflot (sors de ce corps, Cécile ! 🙂 ) qui prouve que l’on n’apprend décidément rien du passé quand on est tenu par l’idéologie…
Et les mêmes causes ne produiront que les mêmes tristes effets, ceux qui ont conduit à l’éviction de Cécilou et à un changement de cap impératif. 🙁
Pour Marine Le Pen, le flou est de rigueur : rien de clair sur l’investissement immobilier et quelques généralités (grand plan d’aide à la construction et à la réhabilitation, rationaliser et simplifier les normes, renforcer des dispositifs de prêts aidés pour l’accession, créer une protection logements jeunes et réserver prioritairement les attributions de logements sociaux aux français).
Bref, aucune réforme structurelle et le sentiment que le sujet est survolé sans être vraiment abordé ou maîtrisé.
Du côté d’Emmanuel Macron, et pour les promoteurs, « En Marche » ne semble pas être vraiment le pied et on s’y connaît en orteils ! 🙂
Là aussi, une logique de zones tendues (dont on peut se demander si, dans son esprit, elles ne se limitent pas à l’Île de France + Côte d’Azur et territoires frontaliers avec la Suisse) pour doper l’offre de logements.
Une part est laissée au doute ou à la réflexion sur la pertinence du dispositif Pinel et de l’encadrement des loyers (aveuglement dogmatique ou simple tactique électorale ?) qui seront évalués et, plus inquiétant, un projet d’IFI (impôt sur la fortune immobilière) en remplacement de l’ISF… « Taxer la rente… »
Etonnant quand on sait que la création d’immobilier neuf crée des emplois non délocalisables (construction / gestion / taxes diverses) alors que les avoirs purement financiers sortiraient donc de l’assiette ?
N’importe quoi… sauf à vouloir faire plaisir aux gestionnaires de fortune, aux boursiers et autres golden boys du secteur bancaire ?
En parallèle, création de 80 000 logements pour les jeunes et gel des normes de construction, sans oublier le maintien de la loi SRU.
Un point positif, la prise de conscience que, dans certains secteurs, le retour de l’état pour délivrer les permis de construire en cas de frilosité des élus locaux pourrait être mis en œuvre.
Globalement, une somme hétérogène de mesures telle une mosaïque inachevée et, surtout, pas d’ambition de réforme d’ensemble.
Reste François Fillon.
Au-delà des polémiques en cours, force est de constater que son programme logement est le plus abouti, avec la conviction que « ce n’est pas le logement qui est social, mais le bénéficiaire » (vous vous rappelez, on se l’est déjà raconté entre nous…) , ceci emportant une somme d’arbitrages cohérents comme :
- stabilisation de la fiscalité logement sur 5 ans, avec TVA à taux réduit pour l’achat de sa résidence principale ou pour un investissement locatif de longue durée
- suppression de l’encadrement des loyers
- création d’un bail homologué accordant des avantages fiscaux supplémentaires aux propriétaires, proportionnels à l’effort consenti sur le loyer
- réforme du logement social avec baisse des plafonds de ressources et bail de 6 ans pour les nouveaux locataires, accompagné d’un nouveau modèle économique proche de celui de foncières
- réforme de la loi SRU….
Le tout représente le canevas d’un paysage immobilier rénové et refondé, qui prend en compte à la fois les dysfonctionnements actuels et les axes d’une politique visant rééquilibrage et relance.
Du coup, on se demande s’il faut y croire ! 🙂
Au bout de cette découverte des volets logement, la première demi surprise est donc que – et loin s’en faut – l’équilibre général du système du logement en France n’est pas remis en cause par tous, notamment pour ce qui concerne les champs d’action et les logiques d’intervention des opérateurs libres ou sociaux.
Pourtant, la situation actuelle n’est pas satisfaisante, bien que perdurant depuis des décennies, à tel point que la Cour des Comptes s’en est même rendu… compte. 🙂
Ce que conte la Cour des Comptes
La Cour des Comptes vient en effet récemment de dire tout haut une partie de ce que tout le monde pense tout bas. 🙂
En gros, elle reproche :
- des plafonds de ressources trop élevés (qu’elle propose de diminuer dans les zones tendues)
- une mobilité insuffisante (pour laquelle elle suggère de baisser le seuil de déclenchement des surloyers, cette majoration de loyer applicable aux ménages dépassant les plafonds de ressources)
- le droit au maintien dans les lieux (qui pourrait être annulé par des contrats de location à durée limitée de quelques années)
Bien sûr, le Président de l’USH (les organismes HLM) conteste cette vision et plaide pour le statu quo. Celui qui ne permet pas de résoudre le problème, et ce depuis des lustres.
Mais cette posture est certainement…. un effet collatéral du syndrome du poisson rouge (super connu comme syndrome 😉 ) que je m’en vais vous (Cour des) conter :
Le gentil petit poisson rouge dans son aquarium prétend connaître parfaitement et mieux que quiconque son périmètre et il rêve en permanence d’un bocal plus grand. Son ambition personnelle est légitime, mais doit-elle pour autant être partagée ?
Le propriétaire de l’aquarium reste quant à lui seul juge de l’aménagement de son salon et de la taille de l’aquarium. Il faut bien laisser un peu de place au canapé et à la couchette du chien !
Surtout, il faut se poser la question de la pertinence et de la nature de la fonction du poisson rouge et de son importance réelle dans ce microcosme….
Mais ça, c’est difficile à admettre quand on est poisson rouge et que les daphnies sont bonnes…
Et tout le monde aurait la même réaction s’il était petit poisson rouge.
Réflexe naturel de protection de son espace vital ! 🙂
Question : il va peut-être falloir repeindre tous les poissons en rouge ? 😉
Choisir le large ou l’étroit petit cochon ?
Franchement, je ne sais pas vous, mais moi j’aimerais bien sentir la brise du renouveau sur mon visage.
Quitter le bord de plage pour le grand large.
Oublier l’huile solaire pour les missiles sol air.
Passer enfin à l’abordage.
Comme un Corsaire, pardon, un CROrsaire ! 😉
Tandis que l’étroit petit cochon, cette histoire qu’on nous a déjà si souvent racontée….
Avec des maisons pas aux normes en plus…. 🙂
Si pour une fois, on pouvait arrêter de nous prendre pour des jambons, même sympathiques, ce serait avec plaisir !
Question programmes, vous avez d’autres news ou avis ?