La clandestinité me rappelle l’époque de la Résistance.
Côté promotion immobilière, c’est pourtant une tout autre guerre qui se joue parfois, en version économique, et qui n’en demande pas moins une certaine résistance… nerveuse.
Entre passagers clandestins et travailleurs clandestins, la différence est parfois mince.
Aussi subtile que celle de la sémantique officielle qui préfère parler de travail dissimulé…
Alors que l’ouvrage est parfaitement apparent même quand il est le fait de travailleurs de l’ombre.
Lumineux, non ? 😉
Le sujet de ce billet m’est suggéré par un communiqué de la FPI qui vient justifier, ou tenter de le faire, une action entreprise par la FPI à l’encontre de la Loi Savary.
Je m’en vais de ce pas tenter de vous décrypter les dessous du débat. 🙂
La loi Savary : ah, ça varie ?
Pas trop, non, c’est assez constant.
La loi Savary (loi du 10 Juillet 2014 pour les curieux) s’attaque à la « concurrence sociale déloyale ».
Elle est de fait un énième avatar législatif dans le droit fil de la responsabilisation croissante de la maîtrise d’ouvrage.
Dont tout le monde pourrait se réjouir si les intentions étaient sincères et les plateaux de la balance équilibrés... 🙁
Pour simplifier à peine, imaginez vous la politique des radars sur les routes ; c’est exactement la même chose.
Un Etat (d’esprit) très constructif….
Il faut dire que le contexte récessif des marchés du bâtiment et des travaux publics depuis plus de 2 ans a conduit à la perte de nombreux emplois et a exacerbé les positions des uns et des autres.
En gros, sus aux tricheurs et aux fraudeurs est un message de bon sens que tout le monde peut soutenir.
Y compris les promoteurs.
Pourtant…
Dans la chaîne des responsabilités, le premier de cordée est tout de même l’entreprise de rang 1 à qui il revient de savoir si elle veut sous-traiter une partie de son marché, et à qui, et dans quelles conditions.
La condamnation assez récente d’une entreprise de travaux connue illustre cet aspect.
Mais ce n’est sans doute pas assez et la tentation – pour les pouvoirs publics – d’amalgamer, en termes de responsabilité, entreprises et maîtres d’ouvrage est patente car elle présente de manière cynique plusieurs avantages.
Le maître d’ouvrage – promoteur immobilier par exemple – est le grand Satan qui, par ses objectifs de coût de travaux honteusement bas, contraint l’entreprise à la faute.
Bien sûr…
« Et si ce n’est toi, c’est donc ton frère ! »
Et ta soeur ? (non, non, laissons les dames en dehors de tout ça, ce n’était qu’une expression !)
Donc, sous le présupposé de « tous coupables », ce grand Satan, non content d’être un grippe-sous qui pousse au crime d’honnêtes entrepreneurs, a aussi l’immense mérite républicain d’élargir la solvabilité de la cible.
Car si l’on met dans le même sac l’entreprise et le maître d’ouvrage, l’état a plus de chances de récupérer des picaillons pour se rembourser des cotisations sociales qui ont échappé à la collecte.
Dans le confort moral le plus absolu.
Le tout sous couvert de bonne conscience collective.
Puisque la loi aura puni les méchants.
Au grand concours du médisant moins-disant.
Grâce aux oraux de rattrapage…
Pour ceux qui n’auraient pas eu les cris, bien sûr !
Quels cris ? Mais les cris de Zorros de rattrapage !
(il faut tout vous expliquer aujourd’hui ! Z’avez un problème de Zorro dateur ou quoi ? 😉 )
Tiens, c’est sans doute tout à fait fortuit et fort bizarre, mais on a connu dans le passé d’autres croisades dont les motifs officiels étaient tout aussi nobles !
Enfin… des CROazades, je voulais dire ! 😉
Ben non, l’argent est le nerf de la guerre et quand un état impécunieux peut se draper de morale et de bons sentiments pour récupérer des sous….
C’est la loi… du genre ! Difficile de résister ! 🙂
Cache-cache ou Cash-cash ?
C’est de là que vient tout le problème ! Mais c’est bien sûr ! 🙂
C’est parce qu’il y a des gens qui confondent tout.
Sans doute ne maîtrisent-ils pas assez bien le français ?
Faut dire que pour accéder à du travail dissimulé, faut avoir le sens de la cachette !
Comment s’étonner ensuite que du plombier polonais au maçon des Carpates, jouer à cache-cache ou à cash-cash ne soit aussi répandu, alors que c’est phonétiquement la même chose ! 😉
Heureusement, leurs donneurs d’ordre font mieux la différence.
Car ils savent à la fois lire et compter. C’est si beau l’instruction…
Et au final ?
Au final, je vous donne mon interprétation, toute subjective comme il se doit (dans l’oeil ?) !
La FPI lassée des amalgames latents et des dérives législatives rappelle la base du métier de promoteur : un pilote qui passe des marchés de travaux pour livrer des logements à ses clients.
Pas un garde-chiourme de chantiers sur lesquels sa présence n’est qu’épisodique, entreprises et maîtrise d’oeuvre étant là sur leur terrain naturel.
Donc la FPI entame une action pour mettre un petit hola aux dérives de la chaîne de responsabilité.
Et publie ensuite un communiqué, sans doute pour ne pas endosser l’habit du vilain petit canard, en réaffirmant la solidarité de place vis à vis des objectifs de transparence et solidarité.
Mais en maintenant que les maîtres d’ouvrage n’ont pas à être considérés comme des auxiliaires de police dont ils n’ont pas les pouvoirs, pour des responsabilités qui ne sont pas totalement les leurs.
D’autant – et cela n’est pas dit – que tout ceci n’existerait pas avec une harmonisation européenne du marché du travail, car les tricheurs ne jouent que sur les disparités nationales.
La faute à qui ? Aux automobilistes ou aux poseurs de radars ?
Il y a des fois, comme ça, où je fonctionne un peu au radar.
Faut dire qu’ils sont souvent bien dissimulés ! 😉