Il y a quelques décennies, on adorait les voitures qui avaient de la reprise.
Faut dire… il y avait moins de radars.
Aujourd’hui, on rêve toujours de reprise, mais son signal passe pour l’heure encore… sous les radars. 🙂
Une reprise évanescente, quasi virtuelle, telle un mirage dans le désert.
Comme une bouffée d’espoir dans une bouffée de chaleur.
Bouffée… Pourtant, l’instant est plutôt au grignotage dans l’immobilier.
Aux miettes, à la portion congrue. Mais sans grutier ! 😉
Une grue sans grutier, ce n’est plus une grue, c’est une girouette.
Un gardien inutile de chantiers abandonnés.
Corde unique d’un arc à la flèche sensible.
Et sans cible ! 😉
Croute que coûte ?
On connaissait le casse-croûte populaire. On a aussi entendu le « quoi qu’il en coûte » présidentiel.
Et, dans le désarroi des chantiers du bâtiment, on se demande comment gagner sa croûte, croûte que coûte ?
Facile ! En faisant de son mieux. Mais pas depuis les chantiers.
Depuis son bureau ou son canapé… 🙂
A essayer de renverser des montagnes ; mais uniquement celles qui ont très envie d’accoucher d’une souris…
(pas facile non plus, vu qu’il n’y a pas un rat dehors 🙂 )
Avec une seule issue envisageable : vaincre le confinement en sortie de crise pour amorcer la reprise.
Parce que, si certains métiers ont pu ou dû continuer à travailler, les professionnels de l’immobilier neuf ont plus de mal avec le télétravail et la dématérialisation.
La pierre, c’est du concret ! 🙂
A fond la caisse ! (ou au fond du trou ?)
Quand un promoteur rencontre un copain (hola, mais à plus de 2 m quand même, hein ! 🙂 ) :
– Copain : Dis, tu en es où de ton activité ?
– Promoteur : A fond.
– A fond ? Ou au fond ?
– Les deux. Au fond par rapport à d’habitude et à fond par rapport à ce que je peux faire.
– Au niveau commercial, c’est comment ?
– C’est top ! Trop cool ! On ne voit plus un chat avec ce virus. Du coup, les équipes se ressourcent, en plein télétravail ! Zéro réservation, zéro souci, zéro fatigue !
– Pfiou, tu le prends bien, dis donc ! Tu en profites pour te concentrer sur le développement alors ?
– Ouais, ouais, bien sûr… C’est mon nombril qui se développe, je bois trop de Corona pour me venger du virus. Parce que pour le reste… Les prospecteurs fonciers sont à la maison, les mairies fermées, les vendeurs de foncier barricadés chez eux… Tout est à l’unisson, c’est merveilleux autant de cohérence et d’harmonie.
– C’est bien de positiver. Heureusement, tu peux toujours préparer l’affichage des permis qui vont arriver !
– Houla, doucement, le gouvernement vient de suspendre par ordonnance les délais d’instruction et de toute façon les permis ne peuvent pas être délivrés sans l’analyse du service instructeur et les avis des services extérieurs comme les pompiers, l’ABF, les ordures ménagères, l’alimentation électrique… Nickel, toutes les planètes sont alignées, pas une tête ne dépasse !
– Pas de bol. Tu peux au moins faire mûrir tes permis déjà obtenus et mettre en route la consultation des entreprises ?
– Oui, oui, tu as raison, ce serait bien. Mais les archis ont mis tout le monde en chômage partiel et les maîtres d’œuvre d’exécution pareil, vu que les chantiers sont à l’arrêt.
– Quoi ? Les chantiers aussi ?
– Ben oui, essaie un peu d’appliquer des règles d’hygiène drastiques ou de la distanciation sociale sur un chantier. Tu vois le gars dire à l’autre « pardon, tu pourrais nettoyer ton outil au gel hydroalcoolique avant de me le passer ? » ou « lave toi bien les mains avant d’ouvrir la porte du bungalow, ça fait déjà plus de 2 h que tu ne l’as pas fait » .
– Et, du coup ?
– Ben du coup, les entreprises ont arrêté, les maîtres d’œuvre d’exécution aussi et les chantiers ont été mis en sécurité.
– Bah, réjouis toi quand même, pendant ce temps là tu vas transformer tes contrats de réservation en actes authentiques et faire rentrer la trésorerie !
– Oui, oui, ce serait bien.
– Mais ?
– Mais les notaires ont débrayé car ils ne peuvent pas passer les actes à distance ; et ils ont fermé les études ou réduit grandement la voilure. Et le confrère qui aurait pu faire signer la procuration au client, pareil !
– Ah. Donc pas d’actes et pas de picaillons nouveaux ?
– C’est ça, avec en prime les factures de travaux du mois précédent à payer. C’est le banquier qui va être content…
– Super ! C’est super !
– Tu te fous de ma gueule ?
– Mais non, regarde : comme tu ne vas pas avoir de rentrées nouvelles, c’est très bien que les chantiers soient arrêtés ! Il vaut mieux dépanner les notaires avant !
– Nos instances officielles y travaillent à ce qu’il paraît.
– Hé bien voilà, la reprise c’est quand les notaires pourront signer les actes, quand le confinement sera fini et quand les chantiers auront repris ! Tout ça, quoi !
– Tu sais que t’es un petit génie, toi ? T’as trouvé ça tout seul ?
– Ben, il paraît qu’on est en guerre, et tu sais quoi ? L’argent est le nerf de la guerre !
– Oups, j’avais failli oublier… 😉
Promoteur en temps de guerre
Une guerre sans ennemi visible, ce n’est pas une guerre, juste une anticipation stratégique. 🙂
La question est : comment ne pas se faire prendre les doigts dans la porte quand un courant d’air la referme inopinément ?
Le courant d’air étant aussi invisible qu’un virus débridé. 😉
Dans ces métiers de la promotion immobilière, tout le monde sait – ou devrait savoir – que les crises reviennent régulièrement sur le devant de la scène. Et impactent gravement les équilibres du métier.
En 1990 la guerre du Koweit, en 2000 la bulle internet, en 2008 les subprimes.
Et pourtant, tout le monde fait comme si rien n’était jamais susceptible d’arriver. Comme si la vie était linéaire et les résultats automatiquement reproductibles.
Sûrement la faute à Excel, incapable de générer des résultats aléatoires dans des tableaux de cellules à formule prédéfinie ! 😉
Cet épisode coronavirusien n’est donc que l’une des manifestations possibles du risque professionnel le plus important : l’imprévisible.
La gestion de ce risque supposant donc une attitude prudentielle permanente de gestion des ressources (foncier, humaines, position de trésorerie) afin d’éviter d’être en difficulté « au mauvais moment » (qui n’est jamais le bon, CQFD ! 🙂 ).
L’appétence très mesurée pour les risques exotiques (et exogènes) expliquant l’amour immodéré des professionnels pour les eaux plus prévisibles et porteuses de la reprise.
Ah… enfin la reprise !
Dis tonton, c’est loin la reprise ?
Tais toi et nage ! 🙂
Ah, la reprise… C’est tellement subjectif.
C’est comme une prise, qu’on reprend.
(note du CRO : ma non, c’est une prise multiple, ça ! 🙂 ).
Ou une paire de bas qu’on ravaude.
Ou un CRO manquant de maîtrise sur l’art de la reprise avec un engin dépassant ses compétences ? 🙂
Bref, si, la reprise, c’est le moment où on reprend vraiment, il serait question de fin Avril ou pas CRO loin.
Sur le fond, la situation des promoteurs n’est pas du tout – au démarrage de la crise sanitaire actuelle – aussi sensible qu’en 2008 car l’activité est correcte (bien que moins soutenue), et la demande est là avec un volet offre en retard de phase.
Mais… Si, la reprise, c’est quand on remet les gaz plein pot avec le redécollage réel de l’activité, tout dépendra du contexte économique, psychologique et législatif (sans mésestimer le non renouvellement d’un paquet de mairies qui va encore et toujours freiner la « distribution » de nouveaux permis de construire).
Que sera le plan de relance de l’économie française ou européenne, par exemple ?
Et comportera-t-il quelque chose de spécifique pour l’immobilier ? (sans aller jusqu’au miracle du Scellier de la Noël 2008 qui avait fait l’effet d’une gigantesque et tonique bouée de sauvetage).
Dans quel état sera l’outil de production des entreprises du bâtiment ?
Que sera alors le comportement des acquéreurs, traumatisés par le confinement dans leur appartement aux forts relents de chaussettes rances ? 😉
Voudront-ils en changer (parfum violette ? 🙂 ) ou auront-ils pris goût aux petites surfaces surpeuplées ?
Qui sait…
Auront-ils confiance en l’avenir ou préfèreront-ils prendre des participations dans des usines de fabrication de PQ ?
Tout est possible ! 😉
Mais pour l’instant, savourez le meilleur… 🙁
Restez chez vous !
Et bonne semaine ! 🙂
(nb : pour le petit bonus des « devises du jour » sur Twitter, c’est par ici : https://twitter.com/MursEtOrteils)