« Un petit clic vaut mieux qu’un grand choc » .
Ce slogan, apparu à l’époque de la naissance de la ceinture de sécurité, il y a donc fort longtemps en calendrier MéCROvingien, avait le mérite de la clarté.
Synthétique, concis, précis, efficace.
Mais, concernant la théorie du choc de l’offre en matière de logements neufs, il vaudrait sans doute mieux s’habituer à une ritournelle du style « Un petit choc vaut mieux qu’une grosse clique » ? 🙂
Parce que mettre en musique un principe et le promouvoir en fanfare, c’est bien, mais créer les conditions objectives de sa réussite, c’est mieux….
Sinon, c’est la fausse note garantie.
Un petit couac vaut mieux qu’un grand « chic ! » ? 😉
Il y a plusieurs manières de résoudre un problème.
Toutes les mauvaises.
Et la bonne.
Pas forcément la plus spectaculaire, ni la plus rapide, ni la plus simple.
Mais la plus cohérente sur ses principes et la plus efficace sur la durée.
Sinon, on aura droit à la transformation de la ceinture de sécurité en ceinture de chasteté. 🙂
Attaquer par la face Nord ?
C’est une question de tempérament et de priorités.
Les moins courageux recherchent la pente la plus facile. 🙁
Les plus opportunistes favorisent l’effort le plus rentable à court terme. 🙁
Mais c’est rarement avec ce type d’inclination et de logiques contradictoires qu’on obtient des résultats durablement favorables.
Il faut créer les conditions d’écosystèmes sains et équilibrés, et faire passer cette alchimie de l’équilibre en théorème absolu.
Du point de vue de la politique du logement, ceci supposerait donc de remettre à plat, a minima :
- ses objectifs généraux
- des objectifs quantifiés
- le poids de l’appareil administratif (tenant plus de la sclérose et du flicage des opérateurs que de la souplesse et de l’incitation)
- la définition des acteurs, de leurs prérogatives et de leur champ de compétences (banalisation, hyper-spécialisation, schéma intermédiaire ?)
- les moyens législatifs, fiscaux, réglementaires, budgétaires associés à la réussite des objectifs et à leur calendrier d’exécution
Mais là, ce serait la face Nord. LA bonne. 🙂
Si, à l’inverse, on pense qu’il suffit de faire des économies budgétaires tout de suite, de créer un pseudo choc d’offre de logements et d’améliorer vite fait tous les petits à côtés qui ne coûtent rien pour refonder une politique du logement lisible et juste, là on a tout faux.
Certes, on fait bouger quelques lignes.
Celles – éphémères – que l’on écrit sur du papier.
Mais la ligne de front ne bouge pas.
Et cette approche simpliste verra régresser quantitativement la production neuve.
Mais qu’est-ce qu’il dit ce CRO bêta ?
Bon, c’est vrai que quand on est mal fini on est en version bêta. 🙁
Mais aussi en aversion de gros bêtas ! 🙂
Car le choc d’offres va se transformer en régression des volumes d’ici 1 an environ.
Avec une grande disparité suivant les régions, dont une franche diminution en zones non tendues (B2 et C).
Pourquoi ? Parce que les indices se multiplient.
Un article du Monde fournit quelques éléments, tout comme ces évidences :
- les zonages du PTZ et du Pinel vont faire perdre plusieurs dizaines de milliers de logements neufs (en zones B2 et C), qui ne seront pas compensées par l’effort en faveur du logement intermédiaire en zones A et Abis, porté par les fidèles d’Action Logement ou de la constellation Caisse des Dépôts…
- le jeu de dupes de l’APL (merci Bercy ?) qui mène en bout de course au relèvement manichéen du taux de TVA de la construction neuve de logements sociaux de 5.5 à 10 %, et à l’affirmation déjà rencontrée sur le terrain et annoncée par plusieurs opérateurs HLM de réduire le volume du neuf (et principalement les VEFA) pour respecter leurs nouvelles capacités financières dégradées.
(ce qui réduira, au moins provisoirement, le volume des opérations mixtes lancées)
Avec, de manière sous-jacente et dès l’origine, le désir stratégique de renégocier à la baisse les prix des VEFA (déjà insuffisants) pour compenser l’augmentation du taux de TVA… et faire porter sur le secteur privé une belle part du fardeau APL.
Les acquéreurs de logements non aidés devront dire merci à qui pour l’augmentation des prix de leur logement en compensation ?
Autre cause conjoncturelle (et structurelle aussi…) : la proximité relative des prochaines élections municipales 2020, dont les producteurs de logements neufs, tant privés que sociaux, commencent à sentir les premiers effets sur le terrain.
Il y a quelques années, quand des élections de cette nature approchaient, on savait que la plupart des maires avaient pour objectif principal le renouvellement de leur mandat.
Tandis que les méchants producteurs ne regardaient que leur intérêt particulier. 🙂
Maintenant c’est pareil. Sauf qu’ils n’hésitent plus à vous le dire.
Entre les PLU révisés à la baisse, les commissions d’avant-projet destinées à filtrer / minorer / éradiquer les programmes immobiliers, les sursis à statuer et les majorations de plus en plus fréquentes de la fiscalité de la construction (Taxe d’Aménagement Majorée, P.U.P.) plus les recours de tiers pour achever l’arrière-garde, le parcours du combattant laissera forcément des traces marquées dans les statistiques.
A ce rythme là, un permis de construire ne sera bientôt plus un droit (certes limité par des règles écrites et publiques à respecter) mais une survivance républicaine désuète à forte odeur de néo tropismes bananiers.
Comment pourrait-il d’ailleurs en être autrement quand même des édiles locaux ouverts et intelligents tiennent des raisonnements à l’envers ?
Un exemple ? Confronté à un objectif de logements (cf SCOT, PLH etc…) légèrement inférieur à celui de la période précédente, la solution annoncée par l’un d’eux est celle de réduire d’un étage la hauteur des constructions en centre bourg… au lieu de conserver cette hauteur à l’identique (ou bien, soyons CRO fous, de l’augmenter ? 😉 ) afin de minorer les consommations d’espaces agricoles et autres.
Inutile ensuite de venir bassiner les professionnels avec les logiques de développement durable quand les premiers à contrevenir à la démarche sont les représentants de la sphère publique (y compris les services de l’état puisque le Préfet ne fait pas obstacle à la diminution de la hauteur en question).
Et ensuite, en parallèle, le législateur vous pond sur le même sujet des lois pour « Eviter, Réduire ou Compenser » , véritables usines à gaz et pompes à fric de surcroît, tandis que les organisateurs officiels et patentés (mais alors, pas tentés du tout ! 😉 ) de la pénurie de potentiel constructible aggravent – consciemment ou pas ? – le phénomène de surconsommation de terres agricoles…
Fumisterie. 🙁
Bref, le bricolage plus l’incohérence des comportements et l’incompatibilité de réglementations schizophrènes perdure et les municipales 2020 vont peser de leur poids.
Même dans les zones tendues, pourtant bénéficiaires du maintien des principaux dispositifs financiers ou fiscaux.
Donc, le choc d’offre, quel pronostic ?
On avait parlé de choc mou il y a peu… C’était peut-être optimiste ? 🙂
A moins que… pour améliorer les volumes de construction, on ne fasse appel à notre ami l’escarCRO ? 😉
Vous vous rendez compte ?
Si tous les ramollis construisaient leur propre maison ?
Avec une telle hypothèse, même Cécile Duflot aurait franchi la barre des 500 000 ! 🙂
Et la loi ELAN peut-elle déchoquer l’impatient ?
ELAN devrait bien sûr apporter son petit lot d’améliorations.
Face Sud.
Et un certain nombre d’entre elles seront probablement non négligeables (recours des tiers, simplification…).
Mais ce n’est jamais le recul de la mortalité infantile qui fait naître plus de bébés.
Il faut d’abord concevoir. Et savoir payer de sa personne ! 😉
Il faudrait que les pépés s’en rappellent ! 🙂
Qu’ils fassent action de mémoire, si la vitalité créativité est défaillante…
Ou alors… on se la fait cette face Nord ? 😉
Il n’est nul besoin d’espérer pour entreprendre, à ce qu’il paraît ?
La disparition d’un choc, ça vous émeut ?
Et si on parlait d’airbag ? 😉