Logement social : une tension au pif, c’est ratio nez ?

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L’attention à la tension préserve de l’hypertension.

C’est un concept beau comme un diagnostic médical fait sous serment d’hypocrite (ah, on dit Hippocrate, vous êtes sûrs ? 🙂 ).

C’est technique, c’est rutilant, c’est scientifique, c’est imparable, c’est donc incontournable. Le ratio de tension sur la demande de logement social

Bref, c’est aussi et surtout bien pratique parce que c’est maintenant officiel.

Mais combien de pamplemousses d’élite ont du être pressés pour qu’un peu de jus de cerveau fasse enfin retomber la tension ? Ministère et boules de gomme ! 🙂

Et sans attirer l’attention ? Voire… 😉

 

Il y a plusieurs manières d’attaquer la montagne.

De front : il faut du courage.

Par la face Nord : encore faut-il ne pas l’avoir perdu depuis longtemps.

Ou en rusant, au hasard de ratios ou autres détours serpentant en lacets sans enlacer, empruntant les chemins de traverse sur tous les versants, afin d’arriver au sommet en bernant la base.

C’est tout un art que celui du détournement de l’attention.

Oups, pardon : de la focalisation sur la tension… 🙂

Un seul maître vous manque…

Et toute aide est peuplée. De bonnes (hein ?) tensions ?
(nb : CRO a un peu honte, mais ça lui passera ! 😉 )

C’est ça ! La tension est le nouveau maître.

Et le nouveau mètre aussi. Le mètre étalon la poussière sous le tapis… 😉

Récapitulons un peu pour ceux qui sont restés hors tension pendant plusieurs années. 🙂

La loi SRU adoubée par la loi ALUR prévoit des sms (mais non : pas des petits messages !), des servitudes de mixité sociale.

De 20 % initialement, le taux a été porté à 25 % par l’inénarrable Cécilou à un horizon 2025, au grand dam de tous ceux qui savaient compter ! 🙂

Mais compter quand d’autres savent conter, ça ne compte pas… 😉

Donc, le stupide et techniquement inatteignable objectif de 25 % de logement social en 2025 est toujours un totem officiellement en vigueur.

Question : comment ne pas faire tomber le totem tout en échappant au dogme qu’il symbolise ?

Mais c’est simple : en multipliant les subterfuges.

Tout le monde (le grand public au moins 🙂 ) croit dur comme fer que l’exigence des 25 %, c’est 25 % de logement locatif social pur jus. Ouarf… 🙂

Mais si vous lisez le IV de l’article L302-5 (hum… rien que ça, ça donne envie ! 😉 ) du code de la construction et de l’habitation, vous constaterez avec émotion et surprise la grande diversité de cette liste à la Prévert qui s’est enrichie au fil du temps.

On trouve ainsi, à côté de vrais logements locatifs sociaux, les terrains locatifs familiaux pour les résidences mobiles des gens du voyage ou des logements maintenus artificiellement 5 ou 10 ans dans le décompte alors qu’ils ne sont plus sociaux ou ont été vendus.

Et on vient d’y rajouter très récemment (pour faire bon poids sans doute 🙂 ) les logements vendus en PSLA (pendant 5 ans à compter de la levée d’option) et ceux faisant l’objet d’un bail réel solidaire (faut bien donner une raison aux maires de promouvoir ce dispositif, hein, la prise en compte du BRS dans le quota SRU lui donnant davantage de sex appeal, sournoise manœuvre…).

la production de PSLAExemplaire et magnifique créativité administrative. Mais aussi…

Fuite en avant classique où le manque de courage justifie de maintenir en vie (envie ?)  des malentendus dont certains individus dogmatiques ne pourraient pas comprendre un dénouement non conforme à un imaginaire, certes émotionnellement riche (on le leur souhaite 🙂 ) mais dénué de tout rapport sain avec la réalité voire même avec un idéal éventuellement accessible.

Et, comme à l’impossible, nul n’est tenu et qu’on préfèrerait dire d’ici quelques années que l’objectif a été tenu (ou au moins qu’on s’en est beaucoup rapproché dans pas mal de territoires), on fait comme dans les thrillers de science fiction en filmant les acteurs sur fond vert pour mieux incruster les trucages. 🙂

Rrroooo, des trucages ? Vraiment ?
Mais non ! Des adaptations, tout de suite, les  grands mots !
Quel blagueur, ce CRO ! 😉

Du nouveau sous le soleil sommeil ?

Les histoires à dormir debout, à tension, ce n’est pas ce qui manque par ici !

Quand, malgré tous les subterfuges, les chiffres ne sont pas assez gras, on fait quoi ?

Cherchons un peu un spécialiste…

Mais oui, notre grand trisaïeul CRO, sa graisseuse majesté CROlestérol !

Un avis personnel, vieil ami ?

Ben, je sais pas moi. Grossir, c’est pas si difficile pourtant ?

Zut alors, mais c’est vrai, ça ! Et si on n’arrive pas à grossir suffisamment les chiffres, on fait quoi alors ?

Simplissime. On esquive. Faut pas attirer la tension.
Quoique. Avec autant de cholestérol, la tension pourrait se révéler forte… 🙂

Bref, voici maintenant l’apparition, par la grâce de la loi ELAN, mère du Décret n° 2019-662 du 27 juin 2019, du seuil de tension (à consommer avec modération et ne concernant que les agglomérations de plus de 30 000 habitants) calculé selon le résultat d’une division, le « ratio entre le nombre de demandes de logement locatif social et le nombre d’emménagements annuels, hors mutations internes au sein du parc locatif social » .
(note du CRO : s’agit il des demandes en instance, cad non servies ou bien des demandes effectuées sur l’année entière, y compris celles pour lesquelles un logement a été attribué ? Si quelqu’un connaît à coup sûr la réponse, on prend ! 🙂 ).

Si ce ratio est inférieur à 2,00, hop, éponge magique, plus d’obligation de logement social, l’exemption devient possible sur la période 2020-2022 (une chose à la fois, hein, demain est un autre jour 🙂 ).
C’est beau, non ?

Donc, si vous avez une faible demande locative en logements sociaux, il est plus facile d’atteindre l’exemption (logique au demeurant). Surtout si, historiquement, vous avez un parc social existant assez développé, apte à servir les demandes dans un marché local peu dynamique.

Si vous avez une agglo avec une démographie et une mobilité résidentielle importante, bingo aussi car vous aurez beaucoup d’emménagements annuels, ce qui va faire baisser le ratio. A condition que la demande locative sociale ne soit pas trop importante.

Au final, quand on consulte la liste des agglos et leur ratio (elle figure en fin de décret), celles qui figurent sous ce seuil de 2 ne comptent pas parmi les plus dynamiques ni les plus grosses.
Mais elles sont quand même 50 et chacune comptant plus de 30 000 habitants.
Ca en fait des maires qui vont être contents de cette mesure
(ah bon, ça compte aussi ce genre de considérations ? 🙂 )

A contrario, les poids lourds démographiques n’échappent pas au maintien de la contrainte du quota de logement social. Exemples choisis:

Paris : 8.81
Lyon : 4.49
Marseille : 6.98
Toulouse : 2.96
Bordeaux : 4.24
Lille : 3.90
Montpellier : 6.96
Nantes : 4.01
Nice : 9.74
Strasbourg : 4.92
Rennes : 3.00
Grenoble : 3.38

Récapitulons : pour notre quota SRU de logement social, au départ vous avez commandé du jus de banane avec 25 % de vraies bananes pour tout le monde, et 25 % est un minimum. 🙂

A l’arrivée, (pour éviter de se faire bananer ? 😉 ) à force de diplomatie et d’adaptations, vous n’aurez sans doute pas 25 %, ce ne  seront pas des bananes mais du multi-fruit et il n’y en aura pas pour tout le monde. 😉

Mais au moins, on n’aura officiellement renoncé à rien et rien détricoté…
Parce que détricoter…
Perdre à laine sur une course de fond, ce n’est pas envisageable ! 😉

Mais au fond, quelle incidence ?

Oh, rien, 3 fois rien.

Une incidence d’honnêteté intellectuelle (je sais, c’est passé de mode) où les réflexes du vieux monde perdurent : préférer tordre des règles ineptes et fumeuses… pour affirmer qu’elles sont respectées alors qu’on ne respecte ni leur esprit ni leur substance, au lieu de les remettre en cause en transparence totale (objectifs partagés et moyens adaptés).

Ceci induisant la survivance d’une règle, de sous-règles, d’exceptions, de rajouts et d’exemptions qui contribuent à la sanctuarisation d’une usine à gaz parmi tant d’autres.
Dans la logique « intellectuelle » dominante, ceci correspond à la perpétuation d’un état d’esprit privilégiant la complexité administrative et la contrainte sous autorisation préalable à la simplicité et au contrôle a posteriori.

L’air du temps a parfois du mal à se propager ?

L’avantage, c’est qu’on ne peut que progresser ! 🙂
Ah, le progrès… c’est comme l’avenir, mais en mieux !

 

Mais mieux, c’est plus ? Ou pas ? 🙂
Bonne semaine à tous !

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