Les maires bâtisseurs ont-ils vraiment besoin d’aide ?

Actualités de l'immobilier, Billets d'humeur 4 commentaires

crolibri1« A l’aide ! Mais quel est donc ce moment de détresse ?

N’oyez vous point le cri des communes aux abois ?

Ces maires bâtisseurs qui ont si chaud aux fesses

Qu’une aide leur éviterait des chèques en bois ? »

A défaut d’être solennel ou pathétique, l’instant est poétique.

Et musical, avec une note de plus dans la grande symphonie inachevée de la politique du logement.

Digne de cette république des rustines, où la chambre à air devient la pièce principale du logement.

Gonflé…. 🙂

 

La mesure est récente et d’ailleurs fort mesurée.

L’A.M.B., l’aide aux maires bâtisseurs, vient donc de paraître avec toute la pondération nécessaire.

Une naissance presque aussi discrète qu’un mot d’excuse dans un carnet de correspondance.

Forcément.
Quand on se fait autant remarquer, il n’y a pas de quoi la ramener…. 😉

La naissance de l’aide aux maires bâtisseurs

Cette AMB est maintenant officielle et opérationnelle.
C’est en tout cas ce qu’annonce le site du ministère.

En gros, l’état verse aux collectivités qui font l’effort de construire une aide financière de l’ordre de 2 000 euros par logement.

Mais attention, pas à partir du 1er logement car les encouragements ça se mérite.

L’aide ne sera accordée qu’au-delà d’un certain seuil de production équivalent à 1 % du parc de logements existants.

Par exemple, pour une commune de 8 000 habitants et 3 000 logements, si 30 logements sont autorisés la commune ne touchera rien.

Si 50 logements sont autorisés, elle ne touchera l’AMB que sur la base de 20 logements (50 moins 1% de l’existant, soit 30).

Il faut réapprendre la frugalité ! 🙂

Un soutien psychologique et financier

La construction est un exercice impopulaire et parfois coûteux.
En élections et en infrastructures ou coûts de fonctionnement.

Nombre d’élus locaux se sont vus éjectés au scrutin suivant pour avoir déplu à des riverains ou à une population plus désireuse de conserver un entre-soi douillet que de développer la construction pour accompagner l’essor démographique et économique de leur agglomération.
(a contrario, d’autres comme à Bordeaux ou Lyon ont brillamment rempilé, le critère de la construction étant sans doute corrélé mais pas déterminant)

La vie est ainsi faite que nos concitoyens acceptent plus facilement les principes d’accueil de nouvelle population (et de mixité sociale de la même manière) que leur mise en pratique. 🙁

Mettre en oeuvre une nouvelle aide revient ainsi, quelque part, à décerner un bon point aux édiles vertueux avec le versement de quelques subsides qu’ils pourront mettre en avant dans leur communication locale.

Ce qui est plus drôle, concernant le calcul de l’aide, c’est qu’on nous parle de logements autorisés (et pas de logements mis en chantier).

Quand on sait que facilement 20 à 30 % des logements autorisés ne sont jamais concrétisés (renoncement, abandon de projets suite à des recours de tiers etc…) la comparaison est optimiste voire virtuelle quand on s’intéresse à des communes de taille modeste.

Bien que je n’aie rien contre les petits.

Et que je préfère au condor le CROlibri…. 😉

vol stationnaire de colibri au-dessus de l'AMB
MERCI !!! C’est gentil, ça, de préférer le CROlibri !

Par exemple, sur une petite commune de 1 000 logements, si un gros projet de 100 logements tombe à l’eau, la commune aura touché 100-10 =90 x 2000 = 180000 euros pour rien.
Espérons qu’on ne lui demande pas le remboursement l’année suivante…

Soutien poétique aussi ?  😉

Pour quelle utilité et quelle cohérence ?

Si cette aide perdure dans le temps et au niveau d’intensité annoncé ( 2000 euros par logement environ), les communes volontaristes trouveront là une récompense à leur effort et un levier pour la réalisation des réseaux et structures (écoles…) qui accompagnent toute expansion.

Mais le doute est permis.

Par ailleurs, la réforme en 2012 de la taxe d’aménagement (dite « taxe déménagement » par les mauvaises langues) avait multiplié par 2 et parfois 3 le coût de l’ancienne « TLE » (taxe locale d’équipement) et on nous avait expliqué à l’époque que l’augmentation du rendement de cette taxe permettrait de donner aux maires les moyens de construire.

A priori tout le monde l’a aujourd’hui oublié. A moins que cela n’ait pas été suffisant ? 😉

Heureusement, l’avantage avec les rustines, quand on dépasse la cinquantaine sur la même chambre à air, c’est qu’on ne fait plus attention à la suivante.
Surtout quand on ne manque pas d’air… mais ceci n’a jamais été un souci pour la sphère publique ! 🙂

Continuons donc ainsi en espérant que cette nouvelle manne déclenchera effectivement des vocations par sa vertu fiduciaire…

En méditant la pensée équivoque du jour :

Quand l’aide est belle, le paradoxe est de sortie pour améliorer les rentrées. Fiscales.

 

Bon, maintenant que vous avez médité, vous avez le droit de vous exprimer ! 🙂

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4 réflexions au sujet de « Les maires bâtisseurs ont-ils vraiment besoin d’aide ? »

  1. Le diable est dans le détail. Il ne s’agit généralement que d’une incitation tournée vers les maires qui ne bâtissent pas suffisamment. Comme par hasard il s’agit des communes généralement en seconde couronne ou en zone B2.
    Il me semblait que l’on incitait les opérateurs à bâtir la ville sur la ville. Nous sommes loin de la densification…

  2. @ Bil : ah, la ville sur la ville, je l’avais presque oublié…. cela supposerait du courage, à un point tel que cela confinerait à de l’abnégation ! 😉
    C’est le point noir des politiques de décentralisation : à vouloir rapprocher la décision du niveau local, on en subit tous les avatars, dont l’hyper sensibilité au contexte électoral n’est pas le moindre !

  3. A mon avis, l’AMB est une bonne idée car elle inciterait plus les maires à construire, ce qui est favorable au développement de la commune. Par ailleurs, ce projet du ministère est une forme de compétition entre les villes, donc honneur au gagnant!

  4. @ Investir immobilier : du point de vue des professionnels, l’AMB apparaît effectivement comme une mesure positive. D’autant que contrairement à la TA (taxe d’aménagement) elle ne pèse pas sur le prix de revient des logements…. 😉
    La seule chose que je trouve dommage c’est le recours perpétuel aux rustines et la perte d’une vision globale et cohérente (objectifs, durée, moyens etc…).

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