Le retour du rabot vs Pinel ?

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Le rabot est un merveilleux outil pour les menuisiers.

Il permet d’ajuster certaines pièces entre elles pour qu’elles fonctionnent mieux.

Précisons : des pièces en bois, hein, pas des chèques ni des billets.

Mais quel dommage que le rabot ne s’applique pas à la langue de bois !

Depuis le temps qu’il est utilisé, cette langue serait morte.

En matière d’économies fiscales et de saison budgétaire, la pratique de la langue boisée est permanente.

Et le dispositif fiscal dit Loi Pinel vient de bénéficier d’un rapport très opportun. 😉

Mais pour qui et pourquoi ?

 

La stupidité humaine est constante. Et consternante.

Si Bercy cherche vraiment de l’argent, on lui suggèrerait volontiers l’instauration d’une TVA sur la bêtise.

Le pays serait d’un seul coup en excédent budgétaire ! 🙂

Le problème, c’est que l’état en serait peut-être le premier débiteur… 🙁

Le Pinel : un dispositif bien sous tous rapports ?

L’investissement locatif, c’est de l’immobilier de rapport.

Hé bien, on n’est pas déçus ! On en a un de plus ! 🙂

Après l’étude de Primeview, qui concluait à un gros bénéfice pour l’état, il fallait bien un contrefeu de notre si chère coûteuse administration.

Qui a fait appel à ses traditionnels mercenaires patentés (enfin, si, un peu tentés quand même 🙂 ).

Le rapport de l’Inspection générale des finances et du Conseil général de l’environnement et du développement durable tombe donc à point pour faire le point ou plutôt « le coût de point » à l’encontre du Pinel.

Un article de presse vous en donne la teneur générale.

En fait de rapport d’évaluation, on dirait plutôt un rapport dévaluation.

Qui suggère une réforme du dispositif. Mais réformer comment ?

Comme une vache de réforme qu’on envoie à l’abattoir pour faire de la mauvaise viande quand elle ne produit plus assez de lait ? 🙂

Ou une réforme tout aussi vache afin que la vache broute moins, quitte à ce qu’elle ne produise plus de lait.

Au risque de se viander ? Ce serait CRO bête… 😉

Avec un tel rapport dévaluation, le cours du Pinel serait-il donc en baisse ?

Demandons illico leur avis à nos deux spécialistes du secteur : Messie et Mainon. 😉

Le Pinel, c’est du miel ?

Messie : c’est quoi, ce rapport de guignol ? Encore un hors sujet, Mainon !

Mainon : Mais non !

Messie : oh, pas la peine de me rappeler ton prénom, je le connais déjà !

Mainon : mais non, c’est pas un hors sujet, c’est juste que le Pinel n’est pas parfait !

Messie : parce que toi tu es parfait, ta femme est parfaite, tes enfants sont parfaits ?

Mainon : je ne vois pas le rapport !

Messie : ben mince alors, mais tu viens de le lire le rapport ! Et il est loin d’être parfait aussi.

Mainon : peut-être, mais si quelque chose ne marche pas totalement comme il faut, on peut essayer de l’améliorer, non ?

Messie : avec un rabot ? Approche un peu, je vais te raccourcir tout ce qui dépasse de trop et tu me diras ensuite si tu te sens plus parfait qu’avant !

Mainon : parfait ou pas refait ? C’est que c’est différent…

Messie : bon, tu lui reproches quoi au Pinel ? Des loyers plafonnés, un max de thunes pour le budget de l’état, un gros paquet de logements en plus pour loger les gens, de l’emploi pour le secteur du bâtiment. Le Pinel, c’est du miel ! C’est quoi qui te démange ?

Mainon : ben, par exemple, les 9/10èmes de la dépense du Pinel ne font pas baisser les loyers, et servent juste à produire un logement locatif. C’est pas du miel, ça tourne vinaigre !

Messie : ah… donc, le fait de ne considérer que la dépense alors que l’état gagne davantage qu’il ne dépense, ça ne te gêne pas ? La construction d’un logement de plus – parce qu’il n’aurait pas existé sans le Pinel – ça ne te réjouit pas ? Et le fait qu’en plus de ça, il y ait un effet modérateur sur les loyers, même si tu le juges trop modeste, ça ne trouve pas grâce à tes yeux ? Mais t’es aveugle ou quoi ?

Mainon : quoi

Messie : quoi, quoi ?

Mainon : quoi. Je dis quoi. Tu me demandes si je suis aveugle ou quoi. Je réponds quoi.  Et comme je ne suis pas sourd non plus, j’ai entendu l’appel du pied de Bercy.

Messie : nous y voilà enfin… Un appel du pied… Comme un cri de désespoir des orteils… ( 😉 ) je connais CRO bien ça, mon Mainon !

Mainon : bon sang, mais réalise un peu : déjà 12 mois qu’ils n’ont plus utilisé le rabot. Mais ça les démange ! Et les promesses de stabilité et de visibilité faites par le ministre du Logement aux professionnels, ça les excite ! Ca rajoute du piment, la transgression ! 🙂

Messie : oh, bon sang, c’est encore pire que ce que je croyais…

Mainon : et en plus, des copropriétés composées de 80 % de logements locatifs, ça va sûrement poser des problèmes !

Messie : mais non !

Mainon : mais si !

Messie : mais non, Mainon ! On nous fait le coup depuis 1986 et le dispositif fiscal Méhaignerie. Tu n’étais même pas né ! On nous avait dit, ça va être la catastrophe dans 10 ans !

Mainon : et ?

Messie : et rien du tout ; plus de 30 ans après, on n’a rien vu du tout. Les logements locatifs de 1986 et leurs petits frères se sont revendus et ont alimenté le marché de l’accession dans l’ancien. Point final. RAS. Alors, les fantasmes éculés d’une bande de théoriciens sous contrat enfermés dans leur tour d’ivoire…

Mainon : tu ne vas quand même pas oser me dire où tu te les mets ?

Messie : mais non, je sais me tenir. Mais pas plus de 5 minutes quand on me cherche ! 😉

Mainon : et en plus, pas de balcons, pas de rangements et une qualité douteuse, tu parles de logements au rabais !

Messie : heu, tu me parles de quoi, là ? De pratiques déviantes d’une minorité d’acteurs, d’allégations hasardeuses généralisées ? Je ne vois rien qui soit lié à la réglementation Pinel sur cet aspect là, gros coquin. Et puis, si les maires veulent des balcons, au lieu de diminuer les emprises au sol dans les PLU, ils n’ont qu’à les maintenir ou les augmenter. Ca éviterait d’avoir à arbitrer entre surface habitable et annexes. S’agirait de pas se tromper de levier ou de cible, mon petit Mainon ! Faudrait savoir de quoi on parle avant de l’ouvrir !

Mainon : ah bon, c’est comme ça que ça se passe ?

Messie : hé oui. Alors, suradministrer davantage le Pinel, le contingenter, raisonner en termes d’enveloppes ou de territorialisation avec des règles variables, c’est le meilleur moyen de le faire crever.

Mainon : ah, mais c’est intéressant ça !

Messie : ben oui, rigidifier un produit en le faisant passer par des filtres supplémentaires, ça conduit à faire comme pour la production de logement social ; une programmation qui va bien faire plaisir à la machine institutionnelle et planter la production. Et des règles complexes ou trop diverses suivant l’implantation géographique, avec des loyers et des plafonds de ressources en forme de mosaïque territoriale, ça va rendre le produit illisible et donc bien plus difficile à promouvoir et à vendre.

Mainon : mais c’est de plus en plus intéressant, ça !

Messie : mais qu’est ce que tu me racontes ???

Mainon : ben, si le produit meurt de lui-même, c’est pas Bercy qui l’aura directement tué avec son rabot…

Messie : nom d’un chien, Mainon, mais quel est l’objectif pour Bercy, avoir une dépense avec une recette supérieure et des logements qui sortent de terre pour loger les gens ? Ou faire semblant d’avoir raison et de sortir gagnant avec pas de dépense, pas de recette, pas de logements et pas d’emplois ?

Mainon : hum, redis le, c’est si bon, hum… « pas de dépense », comme c’est bon d’entendre ça ! 🙂

Messie : pffff… mais quelle bande de drogués ! Indécrottables ! Mais, c’est crétin comme raisonnement, ça, Mainon !

Mainon : mais le problème n’est pas d’être intelligent ou compétent, ni même de soigner l’avenir. Le sujet, c’est de diminuer la dépense et de pouvoir l’afficher.

Messie : ça, pour l’afficher, ça l’affiche… et ça la fiche mal, même !

Mainon : que veux tu, tout le monde ne veut pas voir les choses en grand ou se prendre pour un messie… D’autres préfèrent s’occuper du judas !

Messie : sale traître !

Mainon : mais non, mais non…

Ce qui est instructif dans un dialogue imaginaire, c’est la tonalité, l’ambiance du sous-jacent. Pour modestement tenter d’imaginer ou de comprendre. 🙂

Comme notre pote suranné et pourtant éternel . Chien penseur et philosophe mais pas cabot (ni rabot…).

L’arrière arrière trisaïeul de Snoopy. Alias SCROopy, spécialiste de la niche… fiscale et du Pinel réunis ! 😉

Snoopy en mode SCROopy
Tenter de comprendre. Honnêtement ? Mais c’est déjà beaucoup !

Par exemple, comprendre comment les pouvoirs publics, en tentant de nous faire prendre des messies pour des lanternes, sont capables de sacrifier ce qui est collectivement positif et qui marche ?

Ou comprendre que chacun joue sa carte et sa partition sans souci du lendemain ou d’une appréhension globale des interactions psychologiques, économiques, financières et autres.

Et ne parlons même pas de politique du logement, totalement absente des débats et où – au mieux – on va évoquer des dispositifs disparates et ponctuels (exemple : Pinel, PTZ, OFS et BRS etc…) sans montrer du doigt les objectifs d’ensemble.

Mais non ? Mais si !

Allez, hop, retournez jouer au ballon dans votre cour !
Mais non ? Messi ! (et Ronaldo aussi, si vous voulez ! 😉 ).

 

Et à part ça ?
Une bonne semaine, bien sûr ! 🙂

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