Le cactus de l’encadrement des loyers

Billets d'humeur 5 commentaires

CROctusAh, l’encadrement des loyers… c’est beau comme un concept CROmagnonesque à la sauce néo-tri-millénariste.

Ne cherchez pas dans le dictionnaire, le concept est si révolutionnaire qu’il n’y est pas encore défini (je parle de la sauce, pas des loyers !).

nb : en revanche, les loyers c’est connu depuis longtemps 😉

Quelque part, je trouve quand même que c’est de l’art. Du paléolithique peut-être, mais de l’art.

Car comment expliquer qu’un truc aussi inutile puisse être trouvé beau ?

Car il faut forcément le trouver beau puisqu’il n’est pas efficace.

Pas besoin de vous faire un dessin, si ?  🙂

 

Sacré Jacques Dutronc, lui c’est dans son lit et dans son slip qu’il mettait des cactus ! Sa conclusion  personnelle ? Aïe aïe aïe ouille ouille ouille !  🙁

Nul doute que cette méthode avancée d’acupuncture moderno écologiste n’ait inspiré nos gouvernants, au point de rapprocher ces deux réalités intemporelles : cactus et encadrement des loyers !

Notons au passage les similitudes : le cactus résiste aux températures les plus extrêmes (du froid nocturne des déserts sud-américains aux pics de chaleur de la journée) et l’encadrement des loyers résiste à la fois au bons sens le plus élémentaire, à l’analyse économique et à la psychanalyse de groupe (enfin, je crois).
Bref, tout ceci ne manque pas de piquant. Aïe aïe aïe…

Houille, quand le cactus va au charbon

Reprenons à l’origine.

Y a-t-il des secteurs où les loyers sont trop élevés par rapport aux capacités financières des ménages ? Oui.

Faut-il essayer d’apporter une solution ? Oui.

Un gouvernement qui légifère sur ce thème bénéficie-t-il d’une opinion publique favorable ? Oui, forcément.

Et il joue médiatiquement sur du velours. D’un côté de méchants professionnels, des rentiers sans coeur et des injustices patentes. De l’autre, les victimes du système et le gentil gouvernement qui va remédier au problème.

Pour autant, est-ce qu’une fausse concertation et un vrai système de contrainte généralisée représentent une bonne solution ?

Ca dépend de quoi on parle.

Si on parle des sondages et du court terme, le temps court du politique, oui, c’est payant (mais pas longtemps, comme la dette qu’il faut bien un jour payer). Aïe.

Si on parle d’améliorer objectivement la situation, on se met le doigt dans l’oeil.
Jusqu’au coude. Ouille.

A ce stade, je me fiche bien à titre perso d’analyser les défauts techniques du système envisagé (la baisse des loyers les plus élevés, le risque de hausse des plus petits loyers etc…). Inintéressant. Emplâtre sur une jambe de bois.

Car le défaut n’est pas technique, il est d’abord psychologique.

Comment croire qu’on va augmenter les vocations d’investisseurs en augmentant la pression fiscale et en alourdissant la contrainte réglementaire, au point de ne pas pouvoir fixer librement son loyer, même quand on  ne demande rien à l’état ?

Et moins d’investisseurs = moins de logements.
Inutile ou incohérent ensuite de réunir les professionnels pour savoir comment on peut relancer la construction (sauf à accepter de changer de cap).

Pauvre solution également que d’annoncer des logements intermédiaires réservés aux institutionnels, à TVA intermédiaire aussi (on parle de 10%).
Pourquoi ? Pour remercier avec un avantage financier les institutionnels d’avoir déserté le logement et vendu leur parc depuis des décennies ?
Les autres acteurs professionnels ou particuliers sont-ils des bailleurs indignes ?

Notez bien que je ne critique pas là le principe de loyers plafonnés du dispositif Duflot par exemple. Le coup de pouce fiscal légitime une contrepartie (la vraie question est son calibrage). Et si la contrepartie paraît disproportionnée, on peut toujours investir hors avantage fiscal.

A condition de ne pas en être dissuadé par un contexte réglementaire qui tient plus du vernis médiatique et de l’idéologie que de la recherche d’une solution efficace. 🙁

Car l’efficacité repose sur l’augmentation de l’offre. Mais l’état n’a plus d’argent. Alors il tente une clé de bras. Ca ne marche pas, il tente un sourire.

Alors que l’augmentation de l’offre relève d’une autre logique et passe à l’évidence par l’incitation (la création d’un contexte législatif et fiscal apaisé, cohérent et avec une bonne visibilité à moyen terme) plutôt que par la contrainte.
C’est plus difficile mais c’est le seul chemin.

On ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif (surtout si on le prend vraiment pour un âne… 🙂 ).

Bref, les loyers encadrés, c’est un cactus dont il faudrait adoucir les épines…

Mais oui, encadrons les loyers !

Tout ceci étant dit, je ne voudrais surtout pas que vous pensiez que je suis animé par je ne sais quel esprit partisan, querelleur ou moqueur.

Du tout. Que nenni. Bernique. 🙂

Je suis juste un peu entier, mais sans malice.
Et en gage de participation à la réconciliation nationale autour des loyers, j’affirme même haut et fort que je suis d’accord pour encadrer les loyers !

Mais vraiment, à fond !

Et pas n’importe comment.

Artistiquement. 🙂

Poétiquement. 🙂

Dans les règles de l’art. 🙂

Avec ce petit soupçon d’amour conjoncturel qui fait regarder avec bienveillance les bêtises des enfants. 😉

Vous voyez le tableau ?

Non, vous ne voyez pas le tableau ?

Mais vous ne savez pas scroller et ouvrir vos yeux ???

"L'encadrement des loyers" selon CRO l'ancien
La meilleure manière d’encadrer les loyers !

Avec une telle marque de bonne volonté, j’espère au moins gagner le concours Lépine de la régulation des loyers :-). Cactus d’or médiatique de la catégorie !

 

Allez, videz votre sac ! Que vous inspire cet encadrement législatif des loyers ?

 

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5 réflexions au sujet de « Le cactus de l’encadrement des loyers »

  1. Encadrer les loyers ou encadrer le budget de l’État? Notre cher bon et bienveillant gouvernement sait bien ce qu’il fait on dirait. Il sait tirer profit de la situation actuelle en laissant les petits investisseurs bourrés d’espoir et oui, c’est qu’il n’en reste que de l’espoir.

  2. Hola, encadrer les loyers, encadrer le budget, encadrer l’investissement, mais c’est que ça devient une idée fixe ! L’espoir, finalement, ce n’est pas si mal, car il supporte mal d’être encadré 😉 Au pire, ouvrir une boutique d’encadrement ?

  3. Encadrons le gouvernement et ses dépenses… Il sait si bien encadrer les recettes ! Même si ces dernières ne sont pas dignes d’un grand chef… Revenons à nos lardons, borner les loyers me semble indispensable pour contrecarrer les débordements, en même temps si ça déborde trop, personne ne prend ! et là, faut bien mettre un peu d’eau dans son vin-aigre pour trouver buveur… Mais mais mais (il y a toujours beaucoup de mais made in France), l’encadrement des loyers ne permet en rien d’arrêter l’ennemi public n°1 qui sévit actuellement (et là j’enfile mon casque !) : le désespoir … Conjugué à la méfiance et à l’incompréhension. Ça fait mal ! Même les recettes à la défiscalisation ne redonnent pas goût aux gourmets… Bref à force de nous nourrir d’une loi par-ci, d’une loi par-là, d’une sur-loi par-ci, d’une sur-loi par là, d’une contre-loi par-ci, d’une contre-loi par-là, c’est l’indigestion totale. Faut vraiment trouver la méga-loi pour redonner l’envie de goûter au plaisir de repartir en mission (trouver un bon investissement)…

  4. Hola Sophie, ça c’est du commentaire ! Et pas de la petite bière, s’il vous plaît…. (normal après le vin-aigre 😉 )
    Plutôt qu’une méga loi, parfois un peu moins de lois, ou mieux réfléchies et concertées, aurait ma préférence (ou « rance », si je vous suis sur un plan culinaro-déceptif ?).

  5. Malheureusement Marc, on est encore loin de lois concertées. Mais heureusement, il y a des sites comme le tien où l’on peut parler librement de nos idées, constats, etc.

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