E+C- (ou c’est du pareil au même) ???

Actualités de l'immobilier, Billets d'humeur 2 commentaires

La phonétique et les mathématiques ne font pas bon ménage.

On nous l’a souvent seriné, que les littéraires ne faisaient pas de bons scientifiques !

« E+C- » ou « heu, plus c’est moins ? » se ressemblent en effet comme deux gouttes d’eau à l’oreille.

Mais à la calculette, il faudrait quand même savoir si c’est plus ou si c’est moins !

Label (et coupable) hésitation que voilà.

Un peu comme celle de cette administration du logement à la française qui promet par la voix du politique une pause normative et qui remet illico les pendules à l’heure sournoisement sous prétexte d’expérimentation.

Avec sa bénédiction. Amen. Son amène bénédiction, d’ailleurs…

C’est beau, les convictions ! 🙂

 

On l’a remarqué très récemment sur les évolutions de la réglementation thermique sur l’existant, dénommée « la réglementation thermique par élément ».

Le moins que l’on puisse dire c’est que le consensus n’est pas de mise

« Les conseilleurs ne sont pas les payeurs » et cet adage trouve souvent à se vérifier.

Pour le logement neuf, le même dilemme se posera bientôt, chacun commençant à pousser ses pions…

C’est quoi, le label E+C- ?

Ce label est – en gros – une préfiguration expérimentale, sous la forme du volontariat et de l’attribution de labels, de la future réglementation thermique appelée à succéder à la RT2012.

E+ pour énergie positive, et C- pour carbone négatif : la nouveauté principale est la prise en compte des émissions de CO2 tout au long du cycle de vie de l’immeuble.

Il y a ainsi, côté Energie, 4 niveaux de performance, d’Energie 1 (le moins exigeant) à Energie 4 (énergie positive tous usages).
Les 2 premiers niveaux représentent une évolution graduée de la RT2012, tandis que les niveaux 3 et 4 sont nettement plus difficiles à atteindre (bâtiments à énergie positive avec panneaux photovoltaïques).

Côté Carbone, on se limite à deux niveaux, le premier étant accessible, tandis que le niveau 2 exige une diminution sensible (par rapport au 1) des émissions de CO2.

Dans l’absolu, voir que la future réglementation veut élargir son spectre au-delà de la thermique, en considérant les émissions carbonées (et la qualité de l’air intérieur plus tard ?), ne constitue pas une hérésie.

Mais en raisonnant de manière plus relative… c’est une autre affaire ! 🙂

Label et la bête… bienvenue au bal des faux-culs ?

Aujourd’hui, j’ai décidé de ne pas être consensuel. Ou alors, en deux mots…

Dont je choisirai le moindre.

Bref, si j’en crois mes sens, ce label va au moins faire plaisir :

1- à ceux qui l’annoncent,

2- à ceux qui vont en vivre (certificateurs, organismes divers), et

3- à ceux qui rêvent de perfection écologique.

Je ne blâmerai pas les derniers, je préfère aussi livrer de beaux logements confortables, sains et performants à mes clients.

Mais à quel prix et jusqu’à quand ?

Car en escaladant la montagne, l’oxygène se raréfie et la végétation disparaît.

Tout comme, en grimpant dans les prix de vente et les pyramides de revenus, le client se transforme en hologramme.

Bref, pour mieux faire avaler la pilule, on amorce la future modification de la réglementation thermique dite « 2018 » par une phase expérimentale qui se concrétise par la délivrance de labels (les bons points de l’école primaire…) et on vous dit que les surcoûts sont modérés (pour vous laisser penser qu’avec les retours d’expérience et les bonnes pratiques, on tangentera plus tard le zéro…).

Cette approche n’est pas nouvelle ; le label BBC avait ainsi été le cheval de Troie de la RT2012.

La mécanique est donc bien rodée pour une marche forcée vers le progrès…

Mais 2018, vraiment ?

Pour obtenir un retour d’expérience significatif, alors que les chantiers lancés sont très peu nombreux (et un chantier dure 12 à 18 mis en moyenne) – et à condition qu’il ne s’agisse pas d’une pitoyable manœuvre alibi – on devrait plutôt viser du 2020 ou 2021 pour faire quelque chose de sérieux en termes d’analyse et de mise au point de la nouvelle réglementation.

A moins que les bons sentiments n’autorisent à se payer sur la bête ?

« Label et la bête »…  ça ne vous rappelle pas quelque chose ? 😉

Cherchez le monstre dans cette histoire…

Quelle pertinence dans le contexte actuel du logement ?

Faut-il prendre un peu de recul pour juger d’une avancée ? 😉

D’une manière générale, il est difficile pour quiconque de prendre le parti de l’immobilisme.
Malheur à celui qui dira : « non merci, je ne veux pas aller dans le sens du progrès » .

La posture est médiatiquement intenable.
Et ceci, même si cette posture est totalement raisonnable, au moins pour un temps.

Car le niveau qualitatif actuel du logement neuf est plus que satisfaisant, et les progrès restant à accomplir vont coûter très cher en prix de revient.

Courir le 100 m en 10 secondes est relativement courant ( 😉 ), mais la performance de haut niveau consiste à gagner les 4 derniers dixièmes au prix d’un entraînement de dingue et d’une dépense énergétique hors du commun.

Pour le logement neuf, est-t-il donc si stratégique (ou déraisonnable) de viser la performance olympique, pour une progression marginale avec des surcoûts systématiques que plus personne ne peut supporter ?

L’état qui n’a plus d’argent, les HLM qui se plaignent des baisses de subventions ou de celles des loyers accessoires, les accédants qui courbent l’échine devant les mensualités (alors que les taux d’intérêt n’ont jamais été aussi bas) ?

Ah, les rêves de grandeur….. comme ceux des empereurs romains… avant leur mise à l’index !

CROligula, à l’aide !

Les rêves de grandeur mis à l’index ? CROligula en a perdu ses sandales ! 😉

Inutile ensuite pour la puissance publique de venir regretter avec componction l’évolution des prix de revient que les professionnels (sociaux ou privés) ne maîtrisent pas, quand les goulots d’étranglement du foncier et l’empilement des normes polluent à ce point les bilans d’opérations. 🙁

Non, dans le neuf, le véritable enjeu est au contraire la démocratisation de l’accès au logement via une modération des prix qui ne semble pas être la préoccupation principale de l’animal politique (aiguillonné par son administration centrale).
Qui préfère mettre en avant le spectaculaire plus que le raisonnable…

Pourtant, un observateur un tant soit peu attentif comprend immédiatement – en regard des volumes respectifs – que le véritable progrès sociétal et thermique est la remise à niveau drastique du parc existant.

Mais une difficulté est là de ne pas étrangler financièrement la quasi totalité de la population, qui – funeste et malencontreux hasard – se trouve aussi être un électorat sensible, nerveusement et financièrement.

Le monde est mal fait…. 🙂

Alors, que le logement neuf, ma foi…. avant de le construire, il n’y a personne à l’intérieur, et celui qui le veut n’aura qu’à le payer….
Comme « les salauds de l’histoire » seront de toute façon les constructeurs (vous savez, le truc du bouc émissaire)….

Et puisqu’on vous dit qu’il n’ y aura pas de surcoûts ! Ou si peu…

Il suffit juste d’y croire.

Comme pour la RT2012. Couche après couche.

Au fait, vous ai-je dit que je courais le 100 m en moins de 9 secondes ?

Si, si. Promis ! 😉

J’ai emprunté un chronomètre étalonné par le ministère du logement …. 🙂

 

Allez, vous pouvez vous lâcher en commentaires. Puisqu’on vous dit que c’est gratuit !

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2 réflexions au sujet de « E+C- (ou c’est du pareil au même) ??? »

  1. Bonjour,
    analyse totalement partagée, de mémoire la production neuve ne représente qu’1% du parc existant chaque année; ça montre bien où l’effort doit être porté… Il est plus facile pour les pouvoirs publics de mettre en avant un beau label et quelques opérations neuves exemplaires que d’aligner les montants (énormes) de subventions pour remettre à niveau le parc existant.
    Par contre au niveau de la RT 2012 il serait plus que temps de faire sauter la dérogation accordée au collectif: http://www.neext.fr/quelle-suite-pour-la-derogation-rt2012-dans-les-batiments-collectifs/

  2. @ Pierre : c’est vrai que faire sauter la dérogation serait déjà un palier d’exigence supplémentaire. Alors qu’une trop ambitieuse RT ou RE dès 2018…. 🙂

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